jeudi 8 octobre 2015

559 - J moins 1 avant lecture








jeudi 8 octobre 2015


Pour finir?



     Je laisse la parole au psychanalyste Serge André, parole dans laquelle je reconnais quelque chose de ce qui me travaille : 

"Exposé plus que quiconque (davantage encore que le psychanalyste) à la prolifération de la parole, souffrant de retrouver en lui le bavard intarissable qu'il entend partout au-dehors, et voulant soit détruire, soit réparer le langage dont il ne peut se passer, l'écrivain tente de soulager sa souffrance en se livrant à une opération de chiffrage. Il ne cherche pas à s'expliquer les raisons de sa souffrance, il se moque d'ailleurs de toute explication et de toute forme de déchiffrage qui ne ferait qu'ajouter encore de la parole au moulin qu'il veut arrêter.
L'écrivain veut attenter à la parole, tout au moins au discours commun, et lui opposer l'absolue singularité de son propre chiffre en donnant corps - un autre corps - à sa souffrance. Ce corps, fait de lettres et non de paroles, c'est son écriture. Et quelles que soient les apparences, quelles que soient la forme et l'expression que prend son chiffrage, quels que soient les moyens et les ruses dont il use pour sa construction, ce corps nouveau est d'abord un bloc de mutisme qui veut s'imposer face au bruit du monde. Qu'il crie, qu'il hurle, qu'il chante ou qu'il murmure, même lorsqu'il semble faire entendre une voix qui a l'air de parler, un livre est toujours, en premier lieu, un corps étranger introduit de force dans la parole. Une sorte de barrage contre la marée de parole."


Serge André, l'écriture commence où finit la psychanalyse, Editions Le bord de l'eau - 
collection la muette, 2015















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