On a peut-être trop tendance à penser que lutter trouve sa justification dans le gain acquis au terme du combat. On a peut-être trop tendance à penser que lutter se fonde dans la victoire. Je pense, si c'est vraiment le cas, qu'on fait une erreur. Lutter est une expérience qui est la matière même de la vie, sa dimension solaire, son élévation. Lutter pour ce que l'on croit juste reste un acte absolument décisif dans une vie d'homme, un acte qui libère nos potentialités et nous révèle à notre juste mesure. Que l'on soit nazi ou communiste, libertaire ou réactionnaire, peu importe de ce point de vue, on a tous raison de lutter pour la cause qu'on a épousée, selon les moyens qui nous semblent les plus appropriés.
C'est pourquoi la paix (ou peut-être faudrait-il dire le consensus?) n'a pas lieu d'être.
La paix, c'est la domination d'un groupe sur un autre, domination qui tend toujours à se donner aux esprits comme naturelle, allant de soi, par le truchement de montages symboliques et de textes de loi.
C'est pourquoi la démocratie n'est pas synonyme de paix, elle implique le conflit quotidien, la destitution permanente et raisonnée des images qui légitiment le pouvoir.
La démocratie est un inconfort.
Le contraire exact de la stabilité.
La démocratie est un inconfort.
Le contraire exact de la stabilité.
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Un acte, on ne sait jamais ce qu'il implique. Il emporte plus, ou moins, de soi qu'on ne le croit, qu'on ne peut le croire. Parce qu'un acte excède nos capacités; d'une certaine façon, il nous dé-cède, nous tue.
Et l'on ne peut savoir ce qu'il en adviendra, de ce décès de soi auquel on survit.
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Choisir
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"La sortie de la nuit, c'est le moment où la réalité du deuil peut se changer en sa représentation"
Pierre Lepape, Le pays de la littérature
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Un éducateur spécialisé, c'est d'abord quelqu'un qui s'ennuie, qui sait s'ennuyer, qui revendique l'ennui comme une vertu cardinale de sa fonction. Parce que dans son ennui germera la demande de l'enfant, comme dans un terrain vague s'épanouissent les plantes rudérales.
Sans cette dimension de l'ennui, l'éducateur prend le risque majeur de perdre le coeur de son métier, à savoir la relation humaine, et de devenir un rééducateur, un enseignant ou un animateur.
4 commentaires:
Toutes les causes ne se valent pas : la lutte ne peut être séparée de son objectif, elle n'est pas acte en soi coupé de son idéal et de ses conséquences.
Un nazi n'égale pas un communiste, un fasciste ne peut être comparé à un démocrate.
La lutte - qui n'est pas un formalisme - est justement entre ces conceptions de l'existence.
@ Dominique Hasselmann: Je te remercie pour tes remarques avec lesquelles je suis plutôt d'accord.
Ce que je dis, fort maladroitement sans doute, c'est qu'un combat se fonde dans une décision personnelle de défendre une valeur qui nous semble importante et, je le répète, je crois que c'est valable aussi pour un fasciste - avec qui je ne suis pas d'accord, contre qui je suis en lutte donc. Aujourd'hui, je constate régulièrement dans mon travail que la lutte ne semble pas s'engager parce qu'elle a l'air perdu d'avance. Les adversaires seraient trop forts, il n'y aurait rien à faire. Je le déplore. Et je découvre, en me battant à mon niveau, que ma lutte ne se fonde pas tant dans l'espérance d'une victoire (toujours provisoire, précaire, suspecte...) que dans la nécessité de défendre ce en quoi je crois, ce qui me paraît nécessaire, indiscutable. Et cela n'a pas de fin. Le monde est le théâtre d'un conflit entre différentes valeurs et défenseurs de ses valeurs. Ce conflit n'a pas lieu d'être dépassé à mon sens; il ne peut pas être dépassé. C'est pourquoi je crois qu'il y aura toujours des conflits, plus ou moins philosophiques, plus ou moins violents, meurtriers, courtois, légaux... La "guerre" est mère de toutes choses ("Polemos pantheon est" (je cite de tête, ne connais pas la langue ancienne, risque d'erreur donc)) comme disait Héraclite... D'où, à mon sens, l'importance d'avoir une position, un point de vue, pour prendre part à ce concert conflictuel.
suite à une mauvaise manipulation, je publie la réponse de Dominique :
@ Julien Boutonnier : merci de ta réponse mais je ne voudrais pas entrer dans une... "polémique" (au sens strict du mot) sans doute stérile.
"L'importance d'avoir une position...", dis-tu fort justement : ceci ne peut donc laisser "passer" des amalgames où tout équivaudrait, sur le plan politique, à tout.
Si on estime qu'il y une part de liberté dans les choix individuels (c'est la théorie de Sartre), alors les fascistes se sont lancés ou s'engagent dans une mauvaise et condamnable voie - ce que tu écris dans tes textes "M.E.R.E." suffirait à en faire la démonstration ! - et leur démarche visant à supprimer... la liberté, justement, de ceux qui ne pensent pas en termes d'exclusion, de racisme et de "pureté" génétique est insupportable même dans son intention qui manifesterait simplement "une décision personnelle" sans effets destructeurs.
Il est clair, néanmoins, que je vois bien ce que tu veux dire : mais la pensée de tel individu (ou celle qui enrégimente tel groupuscule) ne peut être admise sans que l'on en mesure ou passe sous silence les conséquences : l'Histoire ou l'actualité récente nous éclairent sur ces comportements insoutenables et intolérables même intellectuellement (voire "poétiquement").
Gare aux guerres saintes, au sang qui coule de ces combats qu nom d'une, non... de LA Vérité, même si on la croit juste. On croit infiniment juste de protéger la femme parce qu'on est persuadés qu'elle est fragile (si commode de le penser), dépendante, bonne à reproduite les gènes d'UN homme, qui devient son propriétaire.
Au nom de cette idéologie, on tue, on enferme, on viole, on lapide, on pend (les faux hommes, ceux qui s'abaissent à ressembler à des femmes, à être pénétrés, c'est-à-dire les gais).
Le Parti de Dieu (traduction de Hezbollah) persuadé - et c'est ainsi qu'il définit officiellement son mandat - qu'il lui faille éliminer le peuple hébreu pour suivre le dessein de Dieu est-il un combat justifiable. Même poser la question est indécent.
Voyons en Égypte comment les adeptes des Frères musulmans (voir ces gentils frérots et leurs positions au sujet des femmes - Tarek Ramadan fut refusé de conférence ici. Voir Point de Bascule qui a suivi les liens économiques et politiques de ces fraternels terroristes misogynes) défendent la « démocratie » et réclament le retour de leur président élu « démocratiquement », chassé du pouvoir par la rue. Au nom de ces croyances, pendant les manifs, pas mal de femmes furent violées. Leur place n'est pas là, dans la rue, dans l,arène politique, dans l'espace social, mais DANS la maison. Aussi en voit-on bien peu.
Information, éducation. Ils y prétendent aussi, les autres. Comme nous. La différence? Comprendre qu'il s'agit là, comme partout, d'idéologies. Comprendre le rôle, la fonction, le fonctionnement des idéologies, comment on ne peut les retirer toutes, y compris en sciences (compris au milieu du XIXes avec le déésromais célèbre matérialisme dialectique et les premiers balbutiements de la théorie des idéologies [ne la laissons pas moisir dans un système binaire!], l'expérimentateur devenant dès lors partie des composantes et des paramètres liés à l'expérimentation), éliminer toute idéologie, les dépasser toutes, atteindre une neutralité, l'Objectivité, un espace hors tout? Impossible. On peut par contre changer de position, développer son sens critique, choisir quelles valeurs fondamentales on va défendre. Mieux, on DOIT. --- Qu'est-ce que la liberté? Quelles en seraient les définitions les plus pertinentes en 2013? Elles devraient en tout cas tenir compte du développement interdisciplinaire des analyses de la culture, des idéologies, des rapports économiques/politiques/sociaux. Lorsque ce mot, liberté, est prononcé, on plonge dans la complexité, rien n'est limpide, simple, linéaire.
Non, loin de là, tous les engagements ne se valent pas. Quelques valeurs fondamentales sont déjà sujets de mésentente, sans même parler de stratégies, tactiques de lutte, de combat.
Zéo
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