mercredi 24 octobre 2018

4 aM






Où est le faisceau de ténèbres?
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la jeunesse est un cri bon pour le feu, le cas d’un oiseau reste imprévu, ma voix déterre un oiseau, ma voix prend l’eau en main, la main est un rêve qui tombe juste, on encense les mains vides, le nom longe la trace vide, les lèvres longent le nom de la bouche, une lumière à l’écart a les lèvres du nom, le soir est un muscle sans la lumière, la lumière cède aux cuisses ouvertes, on jette les cuisses à la plaie, la plaie dévale la pente des voix, la plaie tient la fuite par les reins, la plaie est un lieu de l’histoire,
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il est évident que j'ai perdu une bonne partie de ce qui me fait au quotidien. Il reste un suspens, quelque chose dont parle Ponge dans son carnet du bois de pins. C'est cela qui démarre à nouveau. Une impertinence absolument heureuse car en contradiction avec ce que je pense être. Rien n'est plus bénéfique que d'être contredit par mon propre désir. Rien n'est plus délicat que d'accueillir ce que je deviens malgré. C'est cela être opportuniste, se saisir au vol et ne plus lâcher jusqu'à perte de consistance. Il reste un suspens, de nouveau, quelque chose dont parle Ponge dans son carnet du bois de pins.  
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mais tout de même c'est quoi écrire un texte qui emporte du réel?

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moi j'étais persuadé que tu étais gay... la fille rigole... au boulot on m'appelle le yaourt... genre heuheuheuheu (elle remue les mains comme une autiste)... il entretient pas sa barbe... déjà qu'il est... ok au niveau qualité elle est super bien mais le coût c'est infernal... moi j'aime bien la cire quand tu peux passer la main dans les cheveux... on fait un truc si tu veux moi j'aime bien aller en ville... elle était là ouais carrément... le jour j elle est là on va en ville... on fait quoi?... bon au pire on va au PV [le Petit Voisin, bar du centre-ville de Toulouse] y a une table libre on boit une binouse là elle commence de faire la gueule... qu'est-ce qu'y a?... ça te pète les couilles de boire une bière au PV... pour elle il fallait autre chose... c'est le grand truc de Laura il faut découvrir autre chose... ça m'a fait rire après au final elle était là... ah ouais putain laisse-moi boire ma bière...

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il y a un jour dont on me dit qu'il est pluvieux. On m'affirme que c'est une journée de mai. Certains avancent qu'il fait froid pour la saison. j'ai entendu quelqu'un dire que le ciel était bas, ce à quoi son interlocuteur s'est contenté d'acquiescer d'un hochement de tête. On me dit aussi que c'est agréable tout de même que la durée du jour augmente au détriment de celle de la nuit. On suppute que cela me rend plus serein, plus joyeux. On me renseigne sur le temps qu'il devrait faire demain, qu'à priori cela ne devrait pas trop changer, qu'il fera  plutôt froid, que le ciel sera nuageux. On me donne ces informations, on me les donne même plusieurs fois par jour. On me dit aussi qu'il faut attendre mi mai pour être sûr de ne plus subir ces températures suffisamment basses pour que nous puissions en ressentir un désagrément. 

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Parlons simplement: lorsqu'on pénètre dans un bois de pins, en été par grande chaleur, le plaisir qu'on éprouve ressemble beaucoup à celui que procurerait le petit salon de coiffure attenant à la salle de bains d'une sauvage mais noble créature. Brosserie odoriférante dans une atmosphère surchauffée et dans les vapeurs qui montent de la baignoire lacustre ou marine. Cieux comme des morceaux de miroirs à travers les brosses à longs manches fins tout ciselés de lichens. Odeur sui generis des cheveux, de leurs peignes et de leurs épingles. Transpiration naturelle et parfums hygiéniques mélangés. Laissées sur la tablette de la coiffeuse, de grosses pierres ornementales par-ci par-là, et dans les cintres ce pétillement animal, ce million d'étincelles animales, cette vibration musicale et chanteuse. 

A la fois brosses et peignes. Brosses dont chaque poil a la forme et le brillant d'une dent de peigne. 
Pourquoi a-t-elle choisi des brosses à poils verts et à manches de bois violets tout ciselés de lichens vert-de-gris?Parce que cette noble sauvage est rousse peut-être, qui se trempera ensuite dans la baignoire lacustre ou marine voisine. C'est ici le salon de coiffure de Vénus, avec l'ampoule Phébus insérée dans la paroi de miroirs.
Francis Ponge, le carnet du bois de pins (extrait) 
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poème ready made, article quartz, wikipedia:
En lumière polarisée non analysée : limpide ; blanc ; xénomorphe.
En lumière polarisée analysée : extinction roulante.
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une lo(gi)que: un vêtement en lambeaux, (cohérent)
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Etrange symbiose du fatum et de la routine, douceur sans cynisme d'un désespoir reconquis de haute lutte.

la féérie des lumières aux autos tamponneuses

un vague ennui à 11h51

quoi qu'il en soit, les marteaux brise-vitre sont situés derrière le conducteur
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court mot
moyen terme
long signifiant





are you in a rush, chéri?
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