jeudi 5 novembre 2015

575 - #vasesco - quand j'en viens aux mains - Christophe Sanchez






quand j’en viens à maudire la mère et la race de l’autre, 
quand j’en viens à l’animal qui gronde, l’adrénaline en faconde,
quand j’en viens à ne plus me respecter car je sais la blessure intérieure, 
quand j’en viens aux mains, que les mots ont épuisé leur sens dans des excès d’insultes,
quand j’en viens à me faire mal, à scarifier les émotions veules pour les donner à voir en fierté,
quand j’en viens aux poings serrés, que les ongles creusent la peau et que les dents cimentent la bouche, 
quand j’en viens à défier mon corps contre plus fort que moi, que la peur tenaille dans des regards de haine,
quand j’en viens à sentir la poudre remplacer les fourmis dans les jambes, que chaque membre veut frapper,
quand j’en viens à ne plus comprendre l’autre, à ne plus m’aimer, que le corps n’obéit plus qu’à la violence du dedans, 
quand j’en viens à la guerre contre moi, que l’autre n’est plus qu’un ennemi à abattre, qu’il suinte l’amer des grandes peines,
quand j’en viens à ne plus savoir d’où viennent les gestes, comment percent les borborygmes primitifs et que ça fait des saignées dans le ventre, 
quand j’en viens à suer de grosses gouttes de fiel, que le sang circule sur une voie trop rapide, que les veines compriment jusqu'au cerveau les envies de paix,
quand j’en viens à m’afficher comme une bête assoiffée de sang, que le corps est animé de pulsions diaboliques, qu’il s’empare de l’esprit dans un nuage de grêle,
quand j’en viens encerclé de suie, à devenir barbelé de colère,
quand j’en viens aux mains qui ne doivent être que caresses,
quand j’en viens sans aucun retour possible,
quand j’en viens abandonné de moi,
quand j’en viens sans vouloir,
quand j’en viens sans savoir,
quand j’en viens sans penser,
quand j’en viens,
je ne suis plus Homme mais supplicié sur le bûcher des vanités.



christophe sanchez – 31 octobre 15




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De retour aujourd'hui dans les bouillonnants vases communicants. Beaucoup de plaisir à échanger pour la deuxième fois avec Christophe Sanchez. La première c'est ici, nous avions écrit à partir de photos. Aujourd'hui c'est le thème de la bagarre qui nous réunit. 
Je vous invite à prendre le temps de goûter sa prose sensible et précise sur son site fut-il.net, ou dans le festival permanent des mots, dans les revues Métèque, d'ici là et 17 secondes, et à la webliothèque d'oeuvres ouvertes.
Christophe fait partie de l'équipe qui lance une nouvelle revue (papier) fort alléchante, la piscine: attention! appel à participation jusqu'à la fin du mois, après ce sera trop tard!

Vous pourrez lire ma participation sur fut-il.net.

Merci à Marie-Noëlle Bertrand qui organise la liste des autres vases communicants. Vous pouvez la consulter ici.











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