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mes yeux sont un mur criblé d’amours :
de chutes
(dans une forêt
devenue tristesse
et décombres
j’ai suivi le chant
des yeux clos
et j’ai trouvé que
de mon souffle il ne
resterait bientôt
qu’un amas de noms
à son tour voué
à nourrir le
corps éphémère
d’un vent silencieux
et puis l’herbe
se courbera
un instant
sous le poids
des oublis)
ce qui vient
: meurtre
je me suis levé tôt ce matin pour écrire le bilan de A. le chant d’un oiseau perce la nuit. mélodie nocturne comme d’entre les mousses et les cailloux. petit chant plus solide qu’un argument préparé de longue date. étrange tout de même que d’un si petit bloc de plumes et d’envol jaillisse une telle affirmation de l’angoisse/joie : enclave pour le ruisseau vif qui passe et m’arrache
à de vieux lambeaux
dans la bouche
j/e cherche une frontière par où passer ce que je serais si jamais il advenait que je sois quelqu’un, quelqu’un d’autre même. ou bien j/e suis une frontière qui cherche des organes à la surface desquels écrire son histoire. ou bien j/e cherche une frontière qui erre dans un laboratoire de transmutations permanentes. ou bien j/e délire avec le savoir de mes organes, avec les mots enfouis dans mon ventre [ici, on affirme dans certains milieux que l’auteur aurait écrit avant de se repentir aussitôt : ils se souviennent eux, m’a dit un jour un analysant sur le divan] : quoi qu’il en soit : il s’agit d’une frontière qui me traverse. emporte les vieux lambeaux d’un – même – visage mort depuis que j’ai cessé de regarder
dans le microscope de Leeuwenhoek
un lierre en noir un fagot
de jours froids :
je deviendrai l'ombre d'un rêve défait où des hommes ont ri des bêtes ont chié des dieux ont sucé la moelle des lumières sanglantes jamais un sommeil n'a pris une ride le bruit de la machine à laver la vaisselle dans la cuisine il faut que je me débarrasse de ma mort il faut que je mange ma mort à la lettre
tendresse aux artères
innervées de neige à bout de souffle
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