mardi 16 septembre 2014

464 - LIVRE-AVRIL - 4 (provisoire)







4


          mes yeux sont un mur      criblé d’amours :
          de chutes 



     (dans une forêt
     devenue tristesse
     et décombres
     j’ai suivi le chant
     des yeux clos
     et j’ai trouvé que
     de mon souffle il ne
     resterait bientôt
     qu’un amas de noms
     à son tour voué
     à nourrir le
     corps éphémère
     d’un vent silencieux

     et puis l’herbe
     se courbera
     un instant

     sous le poids
     des oublis)


          ce qui vient 
           : meurtre      



je me suis levé tôt ce matin pour écrire le bilan de A. le chant d’un oiseau perce la nuit. mélodie nocturne comme d’entre les mousses et les cailloux. petit chant plus solide qu’un argument préparé de longue date. étrange tout de même que d’un si petit bloc de plumes et d’envol jaillisse une telle affirmation de l’angoisse/joie : enclave pour le ruisseau vif qui passe et m’arrache 
à de vieux lambeaux



          dans la bouche 



j/e cherche une frontière par où passer ce que je serais si jamais il advenait que je sois quelqu’un, quelqu’un d’autre même. ou bien j/e suis une frontière qui cherche des organes à la surface desquels écrire son histoire. ou bien j/e cherche une frontière qui erre dans un laboratoire de transmutations permanentes. ou bien j/e délire avec le savoir de mes organes, avec les mots enfouis dans mon ventre [ici, on affirme dans certains milieux que l’auteur aurait écrit avant de se repentir aussitôt : ils se souviennent eux, m’a dit un jour un analysant sur le divan] : quoi qu’il en soit : il s’agit d’une frontière qui me traverse. emporte les vieux lambeaux d’un – même – visage mort depuis que j’ai cessé de regarder 
dans le microscope de Leeuwenhoek



          un lierre en noir      un fagot
          de jours froids :      



je deviendrai l'ombre d'un rêve défait où des hommes ont ri des bêtes ont chié des dieux ont sucé la moelle des lumières sanglantes jamais un sommeil n'a pris une ride le bruit de la machine à laver la vaisselle dans la cuisine il faut que je me débarrasse de ma mort il faut que je mange ma mort à la lettre



          tendresse aux artères 
          innervées de neige à bout de souffle











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