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l’eau se retient dans le poing des
clairières
et la nuit lucide imprime un motif fuyant, indécis, qui me hante sur la pente de ma joue; c'est une expression à la fois délicate et âpre, une avancée du sel dans le domaine des yeux; j'acquiesce, me tient droit dans le noir, dans la sphère qu'entrelacent les soupirs des morts; me laisser tromper par ces visages aux regards horizontaux : c'est décimer le souffle en soi : les yeux désespérés, on se prend à être heureux tellement on en reste à attendre le coup suivant du pouls : cette joie minimale collée à la seconde
je veux dire un miel
à même la morsure : toi
j/e
partirais
de la mer Noire, à un
kilomètre à l’est
du lac Bourna-sola,
rejoindrais perpendiculairement
la route d’Akerman
suivrais cette
route jusqu’au val de Trajan
passerais au sud de Bolgrod
remonterais le long de la rivière Yalpuk
jusqu’à la hauteur de Sarat-Sika
et irait aboutir à Katamari
sur le Pruth
ma
joue se perd le seuil constelle
un lit défait
depuis que je suis une frontière je poursuis librement, mais non sans une perdition considérable du monde ancien, la lecture de mes organes insoumis : de mes organes inassouvissables ; ouvert pour ouvert, mon ventre laisse échapper les postes, les checkpoints, qui sont autant de livres éprouvés, reçus, attendus, comme pores de la frontière : car oui : la frontière est une peau dont je suis membre, qu’on appelle, à l’ordinaire, d’avril, ou bien avril, ou même, parfois, livre-avril
refondre la généalogie de ces trente jours, puisque c’est à cette entreprise que nous avons décidé de nous vouer, implique que nous soyons en mesure de raisonner par capillarité, selon les exigences d’une logique enfin livrée à sa condition d’énamourée – du nocturne, du chtonien, du dérisoire et de l’accessoire
c’est pourquoi toute peau peut être considérée en tant que fille et meurtre du siècle des Lumières : il ne faut pas oublier, tout de même, que Leeuwenhoek, quand il aperçut les petites bestioles dans le sperme déposé sur la lamelle de son microscope révolutionnaire, déclara, à en croire Haller,
qu’il y a des vers spermatiquesde l’un & de l’autre sexe
qu’on y remarque quelque différence
près de la queue
qu’ils s’accouplent
que les femelles deviennent pleines
& mettent bas
qu’ils se renouvellent
qu’on en trouve de petits qui ne sont pas mûrs
& pas encore viables
qu’ils quittent leur queue
qu’ils changent de peau
qu’ils deviennent viables les uns après les autres
& enfin qu’on en voit à deux têtes
qu’ils ont en petit la véritable figure d’un homme
que la queue répond à l’ombilic
& qu’un petit ver s’étant par hasard
dépouillé de sa peau
on a évidemment distingué en lui la figure humaine
on se mêle –
à l’affût des morts et des joies
l'oiseau a battu en brèche l'air offert à la pluie j'ai déposé mes yeux plus d'une fois devant les lucioles il murmure des mots carrés dans ton oreille les étoiles vont et viennent dans la vacuité de la langue mais nulle vague ne porte l'âme jusqu'au môle il s'apaise et se mêle à son repos
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