Pour un plan d'ensemble de l'ouvrage, voir ici.
L'index - 4
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Histoire de ma disparition
Le deuil est une histoire d'amour sans lendemain
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Chapitre 1 ; Chapitre 2 ; Chapitre 3 ; Chapitre 4 ; Chapitre 5 ; Chapitre 6 ; Chapitre 7 ; Chapitre 8 ; Chapitre 9 (fin)
Chapitre 3
La nuit.
Sa venue.
Je n'étais pas seul.
La nuit ne consistait pas.
Elle était ma part la plus authentique.
La nuit fondait ce que j'aurais pu être.
Allongé sur le lino de l'appartement de type 1 bis.
Je regardais les rais de lumière à travers les lames disjointes des volets roulants.
Les poussières en suspens.
Nous flottions en sympathie.
J'aurais voulu être défait.
La nuit vidait les organes dedans.
Le corps semblait pouvoir être habité.
Il y avait de la place dans cette masse.
Un corps attendait son sujet.
Je posais les doigts sous les yeux.
Les larmes glissaient sur les ongles.
La bouche ouverte gémissait.
Sanglotait sous le porche des mains.
Les pleurs résonnaient dans un corps tremblant.
Les pleurs annonçaient que j'étais vivant.
C'était insupportable.
Effrayé par l'apparition phénoménale d'une vie je me détournais.
Je n'oubliais pas qu'un corps attendait.
La nuit chantait.
Sa voix venteuse dans les muscles.
Son haleine brumeuse et froide.
Je sortais dans cette vacance douce où résidait un corps.
Les mains bougeaient devant.
Je ne me lassais pas de m'en étonner.
L'ingéniosité dont témoignait l'agencement de mes doigts provoquait mon admiration.
La force que pouvait développer ma poigne m'éblouissait.
La dextérité de ces organes m'émouvait.
Quelque chose évoquait l'absence d'une ma mère.
Mes entrailles déchirées.
Je naissais.
Agissait ce désir improbable de fonder l'humanité d'un homme.
Je devenais un endroit où se déployait une présence.
J'étais vivant en quelque sorte.
Dehors la nuit ventait dans mes bronches.
Il y allait de l'instauration d'un visage dans la chair.
Que je sois au monde procurait une drôle de joie où se mêlaient une douleur saisissante et une sorte d'exaltation mate.
le médaillon - 7 - l'index - 4 - Mars 2014
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