jeudi 31 octobre 2013

393 - ...vitesse et bruit des nuages...







Composition musicale et nuageuse





Ce qui fait battre le cœur ? Ce permanent foisonnement de tout et tous les mélanges qu'il suscite, provoque, agrège et qui renouvelle nos paysages – intérieurs et extérieurs. Tout ce bruit autour de nous – que nous en soyons conscients ou pas… que l'on entend ou pas... toutes ces conversations simultanées... amplifiées par de nouveaux dispositifs d'échanges, de lectures et d'écritures... qui modifient nos manières d'être, de vivre, de marcher… avec les autres... et qui me ravissent… sans être béat, béant, baba devant toutes les dérives et errances qu’elles génèrent dans le même temps…





Conversations sous le Ginkgo 





Une impression de perdre le Nord ? Mais... Où est le Nord ? On aimerait se reposer, retrouver le calme, trouver le repos ? Réellement ? La vitesse serait notre ennemie ? Mais le mouvement est notre condition primordiale pour mettre un pied devant l’autre. Notre immodestie - immodestie, oui - proteste et nous dit que si nous allons vite nous ne faisons pas correctement. Ce qui est vrai quelquefois pour des raisons objectives - un manque inévitable de réflexion, de formation ou de pratique... - et ce qui est faux, le reste du temps... L'action - le mouvement - reste un des principaux modes d'acquisition du savoir... Il y a tant de savoirs que le singulier accolé au mot savoir n'est plus que la représentation des pensées totalisantes, globalisantes et irréfléchies de notre époque : immodestes... image du déphasage irréversible du passé avec ce présent merveilleux : bruyant, agité et si complexe. Notre propre singulier a désormais les moyens d’être un pluriel, sans ambigüités... L’ubiquité est peut-être un mirage… Peut-être… Elle modifie cependant notre marche… et enrichit en permanence notre phrase… 






Le Temps retrouvé 





On apprécie la dextérité du sculpteur qui transforme la pierre avec expertise et facilité. Notre sculpteur a mis des années à acquérir cette rapidité d’exécution. Que nous admirons ou envions. L'acquisition des savoirs et des connaissances éprouvées, tangibles ou pas... demandent du temps.  Temps qui nous fuit comme sable dans sablier. L’invention humaine, magistrale et grandiloquente de vouloir quantifier le temps est une montagne trop haute pour nous... La vitesse restera une notion relative.






Le temps surchargé 





Le silence est l’antinomie de la vie quotidienne et gesticulante. Il demeure une utopie millénaire qui continue à avoir son public... On ne peut pas - non plus - être contre... - contre le silence... La pause est nécessaire, qui existe dans la vie et dans la musique. Mais la musique, basée sur la vitesse d’exécution - elle aussi - n'aurait plus lieu d'être avec une instauration généralisée du silence, aussi séduisant et hypocrite qu’il puisse paraître… Il souhaiterait ressembler à une petite chose si on l’écoute - être l'image de la sagesse et de la permanence (qui n'existe pas) - alors qu'il est boursouflé d'orgueil… Se taire comme horizon est horreur, abandon : marche vers le néant et oubli.






Ciel d’apocalypse 





J'aime les nuages qui passent : silencieusement. Mon oreille ne perçoit pas le bruit qu'ils font en glissant entre les molécules de l'atmosphère, obéissants seulement au vent. Leur bruit… inaudible, me rassure. C'est une illusion qui m'apaise... Nous vivons d'illusions ? … Je les regarde passer... 
Sourit et souffle... 


Silence.





Texte : Franck Queyraud
Images: Franck Queyraud ou FLoH






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Le site de Franck Queyraud, Flânerie Quotidienne, fut un des premiers que j'ai lu régulièrement quand j'ai commencé à m'intéresser aux écritures numériques. On peut y lire, entre autres, le journal en ligne faire signe (c'est par celui-ci que je suis entré dans l'univers de Franck Queyraud), des billets entrelaçant écriture et citations (dernièrement on a pu rencontrer Henry Miller et Romain Gary), des cut-up et depuis quelques mois un échange de cartes postales avec Sabine Huynh.
Notons aussi que notre homme est engagé dans les complexes introduction et développement du numérique en bibliothèque. Vous pouvez lire son article très intéressant, plein d'informations, au sujet des écritures web, dans le Bulletin des Bibliothèques de France, (article qui est un véritable prolongement de son blogue il me semble): Flânerie dans le Web
Ce qui me touche dans cette Flânerie, c'est le rapport foncièrement vivant et positif avec notre monde que Franck exprime dans son écriture et dans ses photos. Attentif aux détails de sa ville qu'il arpente jour après jour, soucieux d'être de plain-pied dans l'instant à vivre, il construit un regard sensible, critique et amoureux, où j'aime à me reconnaître et me ressourcer. 
Je suis content aujourd'hui d'accueillir sur mon blogue, pour ces vases communicants automnaux, ses fameux trois points de suspension et sa non moins fameuse signature en fin de billet, ce silence si à propos. 




François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants: Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.  


Vous pouvez lire ma contribution ici.
La liste complète des participants aux échanges est établie par Brigitte Célérier
Grand, oui grand, merci à elle.











4 commentaires:

Brigitte Giraud i a dit…

Je me disais bien que ce n'était pas ton écriture, Julien... Et c'est un compliment pour l'un et pour l'autre ! Vos deux textes sont en belle cohérence et partage. De superbes photos les servent. Qui parlent tandis que nous nous attardons... faisons silence.

Julien Boutonnier a dit…

Merci Brigitte de ton passage et de tes mots. Faisons silence oui, et laissons murmurer les images, elles ont tant à nous dire.

czottele a dit…

j'aime beaucoup votre échange et suis heureuse de ne le lire que maintenant ( je veux dire pas dans le mouvement effréné du vendredi-vite-vite-les-vases-il faut les lire tous! dans cette belle lumière de fin d'après-midi alors que Franck peste et tempête à quelques kilomètres contre un train en retard!

Dominique Hasselmann a dit…

une histoire de temps... pas perdu, et des photos à l'avenant : apocalypse now ?