samedi 27 juillet 2013

374 - Voyage à Mazamet - 21








Notes en vue d'un cri




Le sentier naissait dans la fuite, au coin d'une ancienne houle effervescente que sans doute personne n'a jamais vue sinon l'aliéné grignotant le sein de sa mère. Il y avait cet humide pressentiment, chargée de peine et du silence des bois, qui ourlait mon souffle comme une haie rosissante d'aurore. Le sentier glissait au pied du mur et jamais rien n'aurait autant lieu qu'à cet endroit la matité ordinaire et belle de la source absente. Ce mur oui c'était le rêve. Celui du rêve. J'ai vu le texte qui perfusait le gris ciment. J'ai entendu le vieux me dire. Ta mère était lamentable. C'était écrit-là. Ta mère ne disait jamais rien. Les pierres ont hurlé vers la douleur ensevelie sous le chaos de mon ventre. J'ai laissé faire en tenant ferme les larmes banales et sans éclat. Et puis ce fut un pas après l'autre. Il n'arrivait en cet ici que le bruit des pas à venir oui contre la terre magnétique. Le chant le plus anodin de l'air a consumé mes dernières espérances. Mon foutu besoin de consolation de merde. N'aurait lieu, que le monde, que l'autre du monde. Et le doigt issu des siècles contre l'obturateur de l'appareil photo. Le sang a continué de charrier l'oxygène. Les cheveux ont remué dans le vent lourd encore du sommeil de l'hiver. Il ne se passa qu'un pas après l'autre. L'aimantation de mon coeur et du texte. Engagé dans le sentier j'ai renoué avec les tavelures sur le fruit, à peine visibles dans la lumière du jour premier. Ces interlignes sur la peau d'une pêche posée sur la table! Il n'y avait que cela. Des organes et de l'esprit, sur le seuil de prendre une photo qui existait depuis longtemps déjà dans le rêve à l'origine de mon voyage. La gloire du poids a brisé mon souffle jusqu'à ce que je n'envisage plus rien. Seule la fulguration sans atteinte d'un immense ennui. Seule la nuit sans nom. Il y eut malgré cela je crois des larmes intelligentes. Il y eut ce pouls au littoral de mon sang. Je n'ai vu, enfin, que l'espace durer dans le ciment. J'ai perçu la continuité immobile du mur lancé à toute vitesse. J'ai reçu le texte et la photo. J'ai eu mal à ma peau criblée de lettres douces. La moisson! La terre a tu le ravin. Mais ce rictus dans le moindre jour m'a dit la contraction du précipice. Le cri a ouvert la bouche après. Je n'ai rien entendu. J'étais ce cri. J'étais ce texte. Ta mère n'était pas une mère. Il y eut mes joues un peu plus fermes peut-être. Il y eut ma main posée contre le mur. Je me suis arrêté parce que c'était là.    











Voyage à Mazamet, notes en vue d'un cri - 21, samedi 27 juillet 2013

1 commentaire:

Anonyme a dit…

les mots pour décrire ce que je ressens à la lecture de cette passion d'états d'âme successifs alors que le jour poursuit sa course et le vent dans les cheveux. n'existent pas. penser à les inventer. moi je ne peux pas. le cœur trop noué lorsque de telles douleurs arrivent, me viennent que des assemblages de mots périmés

Merci.

Zéo