Notes en vue d'un cri
Je me suis retourné. Le chemin avait lieu oui. Mes pas déjà avaient eux disparu dans la neige accumulée. Et les choses regardaient droit devant, immobiles, vibrantes, guettant la percée des morts sous l'icône constellée du monde. J'ai entendu le gué murmurer deuils et naissances. J'ai déblayé la masse poudreuse et blanche et j'ai trouvé le son mat d'un corps à l'oeuvre, et j'ai trouvé le souffle rauque d'un intime fou des pierres, et j'ai trouvé mon propre corps au travail dans les séracs des siècles et des siècles, dans l'oubli blanc qui nous désire. L'icône a scruté vers le risque. J'ai obéi.
J'ai pensé au texte qui peut-être suivrait mon voyage. Il m'a semblé que les mots n'auraient plus l'aura que je leur avais prêté jusqu'alors. Je me suis senti acculé, on m'a poussé dans une ombre dure et sourde. Il y eut aussi une joie sans brillance, sans espoir. Comme si un orage cessait de raviner mon esprit. Et que l'argile absorbée dans l'or de la lumière veillait l'ennemi. Comme si plus aucune pensée n'était possible. Et que seul mon corps avait à dire les termes d'une histoire qui ne soit pas du semblant. J'ai regardé ma main en effet, celle qui ne tenait pas l'appareil photo, et je me suis écrié en silence tant cet organe m'est apparu beau comme un joug ancien. Au loin j'ai vu passé le lourd animal de l'écrire. J'ai pleuré, genoux à terre parmi les porcs, j'ai pleuré vers ce crépuscule d'une présence. J'allais oui vers l'origine, c'est-à-dire, j'allais à demain. Dans l'ardeur de ma peau s'est déchirée la neige et les noms des morts ont tremblé.
Quelques pas encore me séparaient de la photo. Je me suis mis en route, fils du songe, dans l'obéissance. J'y allais vers la juste expression du cri rendu au deuil de ma mère. Ô père! Rêve, mots, lettres! Espace de géométrie pure! Texte texte texte! Ô père! Amour! Enfin comme tant allais-je déposer hurlements au seuil de la naissance et laisser-là les éructations en échange des mots simples de l'amour? Des mots de la vie des hommes et des femmes? Enfin comme tant allais-je prendre place dans la fabrique humaine? Reproduire les gestes et les paroles qui transmettent l'humanité de l'homme? Enfin comme tant allais-je m'arracher au fief de l'origine?
J'ai pensé au texte qui peut-être suivrait mon voyage. Il m'a semblé que les mots n'auraient plus l'aura que je leur avais prêté jusqu'alors. Je me suis senti acculé, on m'a poussé dans une ombre dure et sourde. Il y eut aussi une joie sans brillance, sans espoir. Comme si un orage cessait de raviner mon esprit. Et que l'argile absorbée dans l'or de la lumière veillait l'ennemi. Comme si plus aucune pensée n'était possible. Et que seul mon corps avait à dire les termes d'une histoire qui ne soit pas du semblant. J'ai regardé ma main en effet, celle qui ne tenait pas l'appareil photo, et je me suis écrié en silence tant cet organe m'est apparu beau comme un joug ancien. Au loin j'ai vu passé le lourd animal de l'écrire. J'ai pleuré, genoux à terre parmi les porcs, j'ai pleuré vers ce crépuscule d'une présence. J'allais oui vers l'origine, c'est-à-dire, j'allais à demain. Dans l'ardeur de ma peau s'est déchirée la neige et les noms des morts ont tremblé.
Quelques pas encore me séparaient de la photo. Je me suis mis en route, fils du songe, dans l'obéissance. J'y allais vers la juste expression du cri rendu au deuil de ma mère. Ô père! Rêve, mots, lettres! Espace de géométrie pure! Texte texte texte! Ô père! Amour! Enfin comme tant allais-je déposer hurlements au seuil de la naissance et laisser-là les éructations en échange des mots simples de l'amour? Des mots de la vie des hommes et des femmes? Enfin comme tant allais-je prendre place dans la fabrique humaine? Reproduire les gestes et les paroles qui transmettent l'humanité de l'homme? Enfin comme tant allais-je m'arracher au fief de l'origine?
Enfin comme tant allais-je être un parmi les autres?
Voyage à Mazamet, Notes en vue d'un cri - 20, lundi 22 juillet 2013
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