lundi 25 février 2013

321 - peut(-)être un journal

#MMERE

peut(-)être - http://julienboutonnier-peut-etre.blogspot.fr/  | repères et balises dans le cauchemar du réel

Par ce retweet où elle évoque un réel, Isabelle Pariente-Butterlin (@IsabelleP_B) m'a permis de lier ma recherche avec cette phrase de Lacan qui m'est revenue en mémoire, comme quoi les camps sont le réel de notre temps. Ce cauchemar-là. C'est une intuition qui me loge depuis longtemps. (A ce propos, voir le beau livre de Haddad  : Lumières des astres éteints).
Qu'est-ce que je tente de renouer dans mes balises? Ne serait-ce pas comme la refondation d'une conscience? La tripartition de structure de chaque balise ne peut-elle rappeler le fameux noeud réel/imaginaire/symbolique qui tient notre psychisme selon Lacan?
Les camps : réel.
Le non-évènement: symbolique
Le rêve de New York: imaginaire

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Je suis un wannhasbeen. Quelqu'un qui cherche à être dépassé, relégué, foutu, mis au placard... Quand on a vécu, devant soi s'étend le temps de s'ennuyer, de méditer : de vivre quoi (aristocratie aristotélicienne?)! Mais encore faut-il avoir vécu. Alors j'attends d'avoir vécu pour vivre enfin. Est-ce bien raisonnable?

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En éditant l'espèce de poème du post 319 sur twitter j'ai perdu un abonné. Saturation de la time-line je suppose.

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La lumière traverse beaucoup d'espace aujourd'hui. Sans heurts notables. Elle est altérée par la distance hivernale, reste pure cependant, presque dure. Les contrastes y vont franchement, les couleurs se racontent sans pudeur; la journée ne succombe à rien, elle attend, resplendissante et vieille un peu déjà. On croirait voir à travers les dictées de l'enfance : Il écrit... Il écrit que sa vi-eu... que sa vi-eu passe... Il écrit que sa vie passe dans chaque jour... dans chaque jour...

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Découvre Dylan Thomas.
J'ai rencontré son nom dans un texte d'André Rougier (@perceval45) sur son blog des Confins et puis je  suis tombé sur un recueil le même jour dans les rayons de la bibliothèque municipale. Cette coïncidence m'a suffi pour je prenne l'ouvrage. Et c'est une belle claque:
Surtout quand le vent d'Octobre
De ses doigts glacés punit mes cheveux,
Pris comme un crabe dans le soleil je marche sur du feu
Et mon ombre portée est un crabe sur la terre.
Le long du bord de mer, j'écoute les oiseaux tapageurs
Et le corbeau qui tousse dans le bois sec de l'hiver,
Mon coeur affairé qui tremble quand elle parle,
Perd le sang syllabique et draine ce qu'elle dit.   
C'est ici le son des mots qui raconte (?), c'est lui qui préside et transcende l'expression... Comme cela me libère, cet écart à la musique! Et pourtant un sens semble se nouer sur le dernier vers du poème, à chaque fois, comme si quelque chose était dit, d'essentiel, on ne sait trop quoi, mais on le ressent, dans la chair, dans le corps; ah, la belle mécanique! :
L'âme de mes pères grimpe dans la pluie.
ou encore
Au dessus des lopins incultes l'aube fait halte.
et puis
Mon argile non tétée et mon sel à venir,
Enfant secret, je dérive sur la mer
Au sec dans la cuisse à moitié rabattue. 
et
Il y aura des serpents dans tes marées
Jusqu'à la mort de toutes nos croyances marines.
un dernier
Et le coeur lâche les morts.

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L'horizon n'a pas lieu.

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Mais pourquoi pensè-je à Hazard en mangeant cette pizza quatre fromages?

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#MMERE
Je commence à préparer mon périple à Mazamet, à la recherche de la photo que lit le vieux dans le rêve de New York.



J'imagine que je prendrai beaucoup de photos. Il faudra que je me perde dans ces lieux archi-connus. Il faudra que j'évite l'enfance qui ne manquera pas de me tendre des pièges dans la châtaigneraie au dessus du cimetière. Il faudra que je sois flottant, agité, fiévreux et malhabile pour que d'autres regards puissent avoir lieu au travers de ma présence. Il faudra que déjà je sois quelque chose comme un pré-texte. Puisque l'entreprise n'a qu'un seul but avoué: donner lieu à un texte, lequel devrait, peut-être, clôturer l'ouvrage M.E.R.E, après les balises.




Je remonterai la rue en haut à gauche, bien nommée rue du bon repos. Je me garerai sur le petit parking. J'irai faire un tour sur la tombe de ma mère (depuis combien de temps n'y suis-je allé?). Je reviendrai  ensuite sur mes pas et je longerai le chemin qui traverse le cimetière en ligne droite, dans la continuité du parking (plutôt vers le haut du cimetière sur la photo). Puis je continuerai le long du mur de droite, en descendant la photo, dans les arbres, avant de déboucher sur le pré qui est très pentu (cela n'apparaît pas sur la photo)... Peut-être à cet endroit pourrais-je prendre la photo du rêve de New York: des murs et des cyprès.

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Tristesse maladive sur mon visage. A deux doigts du sanglot dans la permanence du deuil. La mort est revenue ce week-end. Je suis une tombe debout. Parler il faut que je parle. Mes mots s'éboulent le long du corps avant que je les prononce. Ils m'échappent, dégoulinent et forment des flaques de choses tues. Je suis une houle attristée que nulle cause n'étreint.

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Le gâchis du jour me pèse. Il est dû à ma mort. Il faut que je me débarrasse de ma mort. Pour cela? Manger ma mort à la lettre.

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La corneille a laissé courir son oeil blême.

1 commentaire:

louise blau a dit…

Les cimetières aussi ont leurs quadrillages de rues et de places, et dorment dans les archives les numéros des tombes tandis brillent les noms en lettres d'or sur des boites à lettres jamais relevées ; urbaniser la topographie du deuil