un goût d'eau minérale sous ma langue
j'entre
je sors
ma peau glisse
bleu
immense
vacant
ma peau raffermie
mes paupières réchauffées
j'entre
à la façon d'une enclume neuve, d'une enclume sensible sur la surface
oui mais je sors
le moindre souffle d'air, une tornade incendiaire
j'entre alors j'entre hein!
mes yeux me regardent dans la lumière excellente du jour
comme un horizon boisé, vierge, brumeux
je sors
et puis j'entre
et puis je sors aussi
ma peau me laisse
lèche mes yeux
ma peau je la regarde
un goût d'écorce
de mousse et
de champignon
ma peau comme des
chaussettes à l'élastique
lâche je la regarde
faire des plis sur mes
chevilles
j'entre
même s'il se pourrait que
c'est plutôt pathétique
au premier abord
je sorte
à un moment ou à un
autre
mes muscles à vif
luisent c'est pathétique
et beau
mes organes se dilatent
je crois bien qu'ils
soupirent d'aise dans
un confort délicat
dans la lumière excellente
du jour mon corps écorché
oh et puis j'entre
je sors, merde!
respire dans la lourdeur
tonitruante du jour à vivre
me loger
dans un écoulement de
rivière languide, tiède
comme un thé subtilement
adéquat
j'entre peut-être
un peu quand même
il faut que je me décide allons!
me verse dans ma peau paisible
comme un torrent hilare
lèche ma chair à la fois
à la façon d'une épaisseur ouatée recueillie sous la main patiente d'un potier
douloureuse et enchantée
il se pourrait
que je sorte
aussi
parce qu'à vrai dire
vente dans mes cheveux, répand tout à tour des
fragrances de caramel, de jasmin, de seringa
tout de même
je pourrais entrer
si l'envie me
prenait sans crier
gare
dans la lumière excellente
une chance qui aurait la même présence
qu'un premier vent froid dans un été indien annonçant la rudesse
oui mais quand même
entrer, sortir, qu'est-ce
que ça veut dire, est-ce
bien raisonnable?
comme résider dans une atmosphère sans pesanteur
d'un hiver à venir, les
épreuves et les doutes
mais aussi ce qu'il en
est de soi après les
épreuves et les doutes
quand on se sent moins fort mais aussi plus
apte à exister
un espace où soupirer d'aise parmi les
caresses sensuelles d'un essaim tranquille
d'un essaim de pétales
oh là! je crois bien
que j'ai fini par entrer
lequel formerait un halo vibrant
versicolore qui chanterait
des hymnes indolents
c'est par où la sortie?
ho ho! Y'a quelqu'un?
à ma paresse
j'entends l'eau
et ces chants berceraient
papilloter dans la lumière
excellente du jour à vivre
un nuage de choses qui vocaliseraient
le plaisir infini
je vois trilles et roulades
de perdre son temps
bleu
dans l'ennui
les oiseaux
gris, d'un gris composé de subtiles et pléthoriques
nuances
j'entre ou je sors
c'est pareil
amarante
vers les infinies complexités du delta
vers les sagesses de l'estuaire
j'entre je sors
ouvrant
Un poème, mercredi 20/02/2013
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