vendredi 15 février 2013

317 - peut(-)être un journal

Mais cela ne suffit pas : dans le même mouvement, la voix doit être investie, charnelle, incarnée ; il faut qu'il y ait du vivant, au bout, même pour dire la mort ou le deuil. 
Antoine Emaz, planches, feuilleton sur Poezibao.

Ecoute!

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Ecoeuré.
Trop de mots, de pensées, de notes. J'écris partout dès que je peux dans le métro bus sur un banc aux toilettes pause queue boulangerie ptit dèj
Silence!
SILENCE!

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#MMERE J'ai changé le repère dans lequel s'inscrivent les balises. Les lettres de l'acronyme M.E.R.E en ordonnées, les chiffres de la date de la mort de ma mère en abscisses. Ainsi, le repère se développe à l'horizontale, ce qui est adapté à un tatouage des balises sur mon avant-bras (pour en prendre une photo qui s'insérera dans le corps des textes). Il s'agit d'appliquer au plus près la leçon du rêve, que le rêve devienne réel, qu'il préside au réel, qu'il soit cause. Qui sera à même de tatouer les balises sur mon bras? Quel sera le vieux dans la réalité?
Je prépare le voyage à Mazamet pour y photographier les murs et les cyprès dans le cimetière où est enterrée ma mère. Il faudra qu'il pleuve, qu'il fasse gris. Je dois m'y rendre avant les beaux jours. Il s'agit là aussi d'appliquer le rêve. Que cette photo que le vieux "lit" devienne réalité. Peut-être en comprendrai-je quelque chose de ce qu'il dit (que ma mère était lamentable, qu'elle ne disait jamais rien)? Ce n'est cependant ni le sens ni la réponse qui prime, c'est l'écriture, c'est le récit qui pourra en découler, selon ce cheminement : le rêve implique une action, cette action n'a de cause que dans le texte qu'elle servira.

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#MMERE écrire peut-être une partie axée sur la sensation, l'indéfini, le corps, le parcellaire: ce propre de l'enfance où l'on est d'abord un sujet-corps, pas encore un moi établi, dans les limbes qui précédèrent le non-évènement. Reprendre cet exercice expérimenté dans le cadre de l'atelier d'écriture.

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A la pharmacie, angoisse +++. Je devais payer 2, 46 euros. J'ai cherché 46 centimes dans ma poche. Je n'avais que 47. J'ai donné 5, 47, on m'a donc rendu 3, 01 euros. Ce 1 centime précisément m'a angoissé. Il est une différence que je ne peux pas assimilé. Remarque: Mon père est né en 47, ma mère en 46.

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dimanche est un coin de table où poser un regard déposer une attente pierres blanches usées

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il a fallu des années à forer l'oeil jusqu'à la nuit pour concevoir le patron d'une brume qui parle

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l'écriture au dépourvu

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prendre les lettres au dépourvu quand elles ne s'y attendent pas sommeillent rêvent veillent les cueillir d'un geste sec et les offrir en partage en bouquet en fagot à la présence enfuie d'un pouls unanime

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comme une peinture abstraite





1 commentaire:

Zéo Zigzags a dit…

Magnifique de sensibilité et de mots scrutés jusque dans leur intimité.

Merci Julien!

Zéo