lundi 16 juillet 2012

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Victor Grosset, face à Joseph: - J'ai revu Laurence. J'ai pas réussi à avoir d'érection. Qu'est-ce que vous m'avez fait?
Ne me donnez pas plus de pouvoir que j'en ai. Qu'est-ce qui vous arrive vous? 
- Ouais... C'est la première fois que je ne bande pas devant une femme nue. 
- Essayez de vous rappeler ce que vous avez ressenti avant de ne pas avoir d'érection.
- Ben... ouais... bon...
Victor Grosset soupire. Il se frictionne le visage avec ses mains: - En fait, depuis qu'on s'est quitté la dernière fois, j'ai beaucoup pensé à elle. J'avais envie de la voir... Pour dire la vérité, j'avais envie de la posséder...
- Oui?
- J'ai fantasmé... pas mal, autour d'elle... J'ai imaginé que je l'attachais et que je la sodomisais... C'était un peu grotesque comme truc... Je pensais à cette larme que j'ai crue discerner une fois dans ses yeux, au moment où on se quittait. Je crois que je lui en veux pour cette larme. C'est comme si elle avait brisé le pacte. 
- Quel pacte?
- Le pacte: on se voit, on baise, on se quitte. Et chacun pour soi. 
Silence...
- Moi, au fond, je suis bien tout seul. Des fois ma femme me manque, mais c'est plutôt rare. 
Silence...
- Quand Laurence a voulu me sucer, j'ai pas bandé. Vous le croyez ça? Vous le croyez? J'avais honte. Comme elle m'a regardé... C'était horrible. Moi j'étais pétrifié. Comme un con, devant cette belle femme. J'ai eu envie de lui écraser la gueule tellement j'avais honte. Qu'elle cesse de me regarder comme ça.
- Comment?
- Avec mépris. Elle me regardait comme une merde...
- Êtes-vous sûr?
- Ouais... Vous croyez quoi? Qu'elle allait me proposer d'aller boire un verre? 
- C'est que cela me semble peu compatible avec la larme dans ses yeux.
- Peut-être que je l'ai imaginée cette larme.
Silence...
- Elle s'est habillée en vitesse et elle est partie sans rien dire. Je suis resté sur le lit, à poil. J'ai appelé ma mère. Je suis passé chez elle pour lui taxer du fric, et puis je suis allé baiser une pute. J'ai pas eu de problème. J'ai bandé. Je sais c'est lamentable. 
- C'est vous qui le dites. 
- Ouais... C'est moi. 
Silence...
- Je crois que je ne reviendrai plus. Je sais maintenant à quoi m'en tenir. 
Il se lève, pose les deux euros sur le bureau, serre la main de Joseph qui lui dit: - Il y a des moments qui ne sont pas propices pour prendre une décision. Il faut savoir attendre parfois...
- Au-revoir doc. 
Monsieur Grosset s'en va. Joseph chuchote: - Des moments pas propices... Tu es un con Joseph! Tu l'as laissé partir!

Julien Boutonnier

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