lundi 18 juin 2012

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Jérôme Burau, allongé sur le divan: - Hier soir, j'ai écrit. Je me suis assis à ma table de travail et j'ai commencé à écrire tout ce qui me passait par la tête... Je me répétais: ne juge pas, ne juge pas. Ecris ce qui vient, sans discerner, sans sélectionner... J'avais le sentiment de faire une découverte fondamentale. Cette idée simple: écrire tout ce qui vient, ça m'a semblé révolutionnaire, presque miraculeux... écrire, écrire sans avoir de plan, sans avoir d'objectifs, simplement aligner des mots, les mots qui soulagent, qui expriment, qui disent que j'existe, gratuitement, comme on respire, comme la pluie tombe, comme le soir répand son ombre... écrire oui, et ça m'a rendu joyeux... j'ai trouvé une façon d'être au monde, une façon d'échapper à l'obligation de me rendre utile, de savoir ce que je fais, pourquoi je le fais... C'est comme si je m'étais débarrassé de ma raison... et que j'avais gagné en lucidité... 
Silence...
- Je ne sais pas si je vais écrire encore ce soir. Je sais juste que cela m'a procuré de la joie une fois. Et cette joie est la chose la plus précieuse qu'il m'ait été donné de trouver sur mon chemin. Je me suis senti libre pour la première fois de ma vie.  
- Oui, a affirmé Joseph en se levant, à vendredi?
- Oui, à vendredi, a répondu Jérôme Burau en se levant à son tour.

Julien Boutonnier

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