samedi 2 juin 2012

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Ensuite, Joseph a pleuré sur le divan. Il a eu honte de craquer devant un inconnu (il ne se doutait pas qu'il s'allongerait dans son bureau, deux fois par semaine, durant des années). Il a dit, entre deux sanglots:
- C'est à dire que... je l'aime voyez-vous... et j'ai peur de la perdre... parce que... parce que je suis trop con!... 
M. Rentard intervint pour la première fois:
- Que faites-vous donc, que faites-vous de si con, comme vous dites?
- Hé bien... Je lui montre que je suis nul, que je suis détestable... que je ne vaux rien...
- Mais comment?
- Je reste allongé sur le canapé. Je regarde droit devant moi... et... je ne parle pas... je... je ne fais rien... heu... c'est ridicule...
- Quoi donc?
- Quand j'essaie de raconter ce que je fais, ça ne tient pas la route. Cela me semble ridicule... 
- Ridicule?
- Oui, ou faux...
- Faux? 
- Je déprime vraiment... Je souffre vraiment... Mais je ne sais plus si c'est lié à Clarisse... 
Silence...
- Je ne sais pas pourquoi je souffre. 
- Bien, quand nous-revoyons nous? a demandé M. Rentard en se levant.
- On s'arrête là?
- Oui, si vous voulez bien.
- Ben... oui... a bredouillé Joseph en se levant à son tour 
- Êtes-vous disponible mardi?.
- Oui...
- A 17h30?
- Oui... Joseph a tendu un billet à M. Rentard. Celui-ci a indiqué d'un geste de la main qu'il pouvait le poser sur son bureau. Joseph s'est exécuté. Cet argent, l'Assurance Maladie ne le lui rembourserait pas. 
Ils se sont serré la main et dit au-revoir.
Dans la rue, Joseph débordait d'amour pour Clarisse. Il avait le sentiment qu'il pourrait faire face désormais. A quoi? Il n'en savait rien. Ce n'était plus son problème à vrai dire.

Julien Boutonnier

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