samedi 10 mars 2012

37

15h03
Joseph se réfugie sous la couette. Clarisse est allée se promener avec Sarah. Il est seul dans la maison. Joseph aujourd'hui est incapable de dire quoi que ce soit. Il se trouve muré en lui-même. Ses lèvres sont scellées. Pourtant, il voudrait s'exprimer. Pourtant, il voudrait crier qu'il a mal, qu'il souffre, qu'une insatisfaction le dévore de l'intérieur. En vain. Seul ce mutisme atroce l'étreint. Les mots glissent sur sa peau et font des flaques à ses pieds quand il se tient debout devant Clarisse, qu'il la regarde en silence et la désespère. - Parle-moi! lui demande-t-elle. Il la regarde comme d'un bocal. Il la regarde comme un poisson douloureux, idiot, pénible. Maintenant, sous la couette, plié à la manière d'un foetus, il écoute sa respiration, son pouls. Il est un cosmos fermé sur lui-même, un univers sans volonté plongé dans sa propre matière, quelque chose comblé de soi-même, écoeuré, qui stagne et n'attend rien d'autre qu'une hypothétique fin, un effondrement, une mort. Il est une pure mélancolie. Un éros de mort. Le malade exemplaire de l'Occident à son crépuscule.

Julien Boutonnier 

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