jeudi 1 mars 2012

21

10h22
Il arrive que Clarisse tende la main, face ouverte vers le ciel, sans autre motif que son bon plaisir. Aujourd'hui, dans ce parc que le soleil lange avec la tendresse d'un père un peu timide encore - le mois de février se termine à peine -, tandis que là-bas défilent les voitures luisantes, que nombre d'humains s'occupent plus ou moins pertinemment, Clarisse prend le temps pour ce geste facile, improductif, discrètement prodigieux. Et la lumière, chaude à peine, s'enroule sur les lignes brisées de sa paume offerte; elle y répand une ample saveur qui frissonne comme une feuille dans un petit vent. Puis les paupières de Clarisse déroulent la nuit sur ses yeux. Elle ouvre un peu la bouche, exhale un léger souffle sans âge venu des grands fonds. Elle écoute un instant les présages silencieux du jour chiromancien: du fagot de sillons qui parsème et strie la peau de sa dextre, lui, le toujours-nouveau, le sans-âge, le sans-visage, tire les enseignements que nul ne pourra jamais dire.  

Julien Boutonnier

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