mercredi 14 septembre 2016

660 - Une réclame de Type 1 bis - Publication chez Gwen Català Editeur












C'est une logique d'unification qui préside à mon travail d'écriture, une attention portée au respect de ce besoin paradoxal qui me déchire: être vivant et mort à la fois.

Je n'ai pas compris cela d'emblée. Ecrire fut en premier lieu une entreprise dévolue à la disparition de soi. Un motif puissant m'animait, qui consistait à vivre en retrait : à faire le mort. L'enjeu y était la fidélité à une mère disparue de bonne heure.

La souffrance a ceci de puissant qu'elle nous résigne à la colère. C'est une émotion extraordinaire, la colère, un viatique substantiel pour l'amour dès lors qu'elle s'articule à la Loi, je veux dire, à l'exercice de la parole et des actes que celle-ci engage. 

Ma colère, durant plus de deux décennies, fut exclusivement tournée vers la disparition de soi. La parole, et son corollaire l'amour, ne me harponnaient pas suffisamment pour que je m'engage à assumer la substance partielle que constitue une présence, à l'assumer et l'exposer vers autrui dans le but d'entrer en relation. 

Ecrire dans cette visée de mort me porta à rencontrer certaines limites qui bornent la personnalité, la solitude et le désir. Il y alla donc de ma santé mentale. Cependant n'est pas fou qui veut.

C'est dans cette frontière épaisse que se dessina la perspective du livre que publie aujourd'hui mon ami éditeur Gwen Català.

"Type 1 bis" est un texte bref que j'ai écrit sur une période de dix ans. Il condense une trajectoire existentielle, témoigne de ses enthousiasmes, renoncements et impasses. Il pousse à son terme la logique d'une irrésolution que j'ai peu à peu, au prix d'efforts intenses, circonscrite à la main de l'écriture.




Si chaque moment voué à écrire est sans doute une visite au verger systématique des morts, il n'en reste pas moins qu'une main de l'aimée posée sur ma joue, une voix de ma fille dans la maison, un visage de l'ami sur le pas de la porte, tous ces appels à la présence du jour me sont chers désormais.


          vivre dans la déchirure
               entre
          vivants et morts
                    dans la paix de ce qui déchire
                    sur le tranchant mat de l'interstice
















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