lundi 6 avril 2015

516 - LIVRE-AVRIL - 23 (provisoire)







          23




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je ne cherche plus à rendre le son de ce qui me précède. il y a peut-être dans cette voix une espérance qui abîme trop pour que je persévère. c’est que je ne survis qu’à hauteur d’un oubli qui ne serait pas sans visage. et l’espérance a pour qualité, tout le monde en conviendrait, de loger son miel dans les empreintes d’un amour passé ou promis. je ne veux plus me détourner de cette coquille vide, si dérisoire, si intense, qui m’est apparue au cours de la parole allongée. sans doute cette requête manque de raison. on pourrait alléguer que peu de motifs occupent toute une vie. c’est juste — pour autant je ne crois pas qu’une coquille vide soit un motif. ce qu’elle est, à vrai dire, je ne sais. mais sa présence m’importe. 



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une insomnie m’a jeté dans le souffle. c’est une chance périlleuse. je n’apprécie guère voir ma conscience égarée dans le vent de la nuit. c’est pourtant une errance à laquelle il faut consentir. sinon à quoi bon avancer mes joues nues dans l’assaut de la mort ? je reste évanescent, proche d’une frontière pour le territoire de laquelle il y aurait eu beaucoup de guerres. j’entends encore les cris aveugles des femmes qu’on viole et j’entends les chants des soldats aveugles. il y a peu d’humanité en ce domaine. seules les feuilles des bouleaux au passage des brises manifestent encore quelque chose qui soit de la parole et de la main posée sur l’épaule. je sais bien qu’à terme resteront mon ennui et ma perplexité. je ne peux cependant me défaire de cette espérance qu’un jour ma présence en ce lieu aura un sens. alors je consens encore une fois à cette maladie sereine et radieuse qui me dévaste et m’épuise.

(je regarde mes mains trembler dans la fièvre, et parfois c’est un rossignol qui lance son trille à l’unisson de ma souffrance.)

et je me souviens
du cri qui accompagna sa venue
et je me souviens
des bras bienveillants, empreints d’amour et de mort
et je me souviens
                du froid dans mon dos



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c’est cela qui vient :

la vérité nue
partielle et forante



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si mes organes sont des textes, la réciproque n’est pas valable : mes textes ne sont pas des organes. d’où les larmes qui surgissent avec l’émotion qui me submerge. car oui, dirons-nous, [consentirons-nous], je suis de cette âpre liberté qui gouverne errance et solitude : cette judéité de toute femme et de tout homme dès lors que la femme et l’homme sont ébranlés par un sens de l’existence, à savoir cette impuissance protéiforme qui nous terrasse et nous révèle, et nous crée si fragiles à chaque fois, si fertiles.
(c’est l’incessant combat qui est répercuté)



















LIVRE-AVRIL - 23 - avril 2015

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