mardi 7 octobre 2014

472 - LIVRE-AVRIL - 9 (provisoire)






     9



     un avril perdra les eaux 



et dans les franges de pluie / et dans les pluies d’avril / et dans l’abolition du temps / et dans notre disparition et notre apparition / nous avons survolé les plaines de mort / nous avons instruit les pages de ciel du sang d’avril / et nos corps sans épaisseur / et nos visages de blessures ont été le texte / ont été le sang du ciel / ont été le poème révulsé jusqu’où se joignent et se déchirent les fleurs éphémères / et les espérances / et les murs des fusillés / et nous avons pris les mains des uns des autres / et nous avons été le poème / dans le ciel éventré d’avril / dans le temps / et nous avons assassiné le temps / nous avons défait la vie et nous avons défait la mort / et nos corps annihilés / fous de joie / ont été le poème / pour dire les sons arrachés au silence des fleurs éphémères / au silence et au chant des fleurs éphémères / pour dire les sons arrachés au silence des couleurs vivantes / au silence et au chant des couleurs vivantes / et nous avons dérivé dans les yeux d’avril / et nous avons répété / et nous nous sommes répété / et rien ne pouvait plus avoir lieu / qu’avril / que seulement le poème que nous étions dans le sang du ciel d’avril / et nous avons raviné le sang du ciel / et nous avons présenté le poème aux siècles / et les siècles ne nous ont pas entendus / et les siècles n’ont pas voulu de nous / et nous avons migré dans les thyrses des lilas / et depuis l’exil dans les thyrses des lilas nous avons étudié les annales et les lois / nous avons étudié les décrets et les ordonnances depuis les thyrses des lilas / et le droit des fleurs n’a plus eu de secret pour nous / et le droit du pouls historique de l’homme et de la femme n’a plus eu de secret pour nous



             la sueur :
     des éclaircies      mettent bas      –



mélancolie de midi • je me souviens de cet avenir déchiré au matin • c’est une once d’effroi dans le peu d’amour • maladie : l’âge des Lumières en soi • l’âge des lucidités • retrait des tendresses • heureux trait vacillant entre ce que je suis et ce que je peux • c’est que la mort a voulu prendre la parole • et la parole de la mort c’est ·gris • comme une brume rêche dans la voix desquamant • je lève la tête : elle est là qui suinte massivement à la vitesse de la lumière • mon cri n’a pas d’espace • mon cri reste une mélancolie à midi • en plein jour la peau des autres est tristesse • le retrait violé dans un ciel immaculé • il faut bien pourtant passer que ça passe que la passe ait lieu • il faut bien pourtant s’en revenir à l’en fuite • au bord des perceptions coule une grâce • quelque chose comme une porte sublime • une ville entre deux mondes disparaissant • baignée de lumière bleu en liesse • un coup de grâce
• baste


     ce charnier



·gris moutonne dans le ciel
les flaques
les yeux…

·gris vague et vaque entre
nos blêmes peaux
qui perdent
qui perdent
qui perdent

·gris creuse
doux
         et la mort s’y glisse

l’oubli nous mâche
&
ce qui reste à dire sera l’essence de notre nom et de notre vie



                                   : qui pense



l'hiver a usé la jonchée de l'automne puis une lame a gémi entre l'écorce et l'horizon ça se déchire au soir ma fragile empreinte ma fragile présence je m’allonge où se pose mon dernier pas les affleurements de gré calcaire blotti dans la mémoire cette bouche de la femme qu'il aime
















Aucun commentaire: