- Si je comprends bien de quel bois je suis fait, je suis le fruit du silence de mon père et de la mort de ma mère. Ce qui pourrait expliquer que je fasse une analyse. Parce qu'une mort et un silence, il faut bien avouer que ça n'est pas très causant. Il faut bien un peu de parole là-dedans. C'est cela que je fais. Je mets un peu de parole là-dedans, dans le fruit du silence et de la morte, ce fruit que je suis.
Silence...
- Des fois j'ai envie d'écrire. Mais je ne crois pas qu'écrire puisse avoir la même valeur qu'une parole de divan. Ecrire ne brise pas le silence. Il le renforce plutôt j'imagine, comme il renforce le sentiment d'exister. A moins qu'il ne soit lu par d'autres et qu'on en parle. Mais qui cela intéresserait-il d'entendre ma parole de divan?
Silence...
- Vous, peut-être cela vous intéresserait-il? Peu importe à vrai dire, puisque je vous paie pour m'écouter et non pour me lire.
Silence...
- La question de mettre de la parole dans mes origines de mort et de silence pourrait-elle se traiter par l'écriture?
- Par l'écriture... Bien, quand se revoit-on? demande M. Rentard.
Fiction de divan
La lunette d'approche
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