dimanche 12 janvier 2020

66 aM - journal / notes / citations / photos






dimanche 12 janvier 2020
Ce jour fut comme on dit. Hier, les vieux copains pas vus depuis longtemps, au soir, avec des verres nombreux entre nous. Et la nuit se révéla fort glaciale quand il fallut s'en retourner au domicile (en écoutant Talk talk). De beaux moments calmes aujourd'hui. Les arbres nus, on dirait qu'ils pensent des formules - la grammaire des branches peut-être, ou bien quelque insondable syntaxe. Nudité et impuissance, dit le Docteur Puyuelo. Je suis d'accord. Nudité et impuissance, qu'on pourrait traduire par drapé et sentiment d'affiliation au monde. 

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Il me semble que la suspension provisoire du jugement propre à l'élaboration d'un jugement fondé provisoirement n'est pas assez promu comme nécessité première en démocratie. 

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Logique du pire, Clément Rosset. J'ai continué la lecture du grand chapitre TRAGIQUE et HASARD.
Quelques notes:
Ce qui existe est exclusivement constitué de circonstances. Notion d'occasion: les voies hasardeuses, les infinies possibilités combinatoires, par lesquelles se trame ce qui existe. Ce qui existe est provisoire. En l'homme, dans l'ordre des sensations et des idées, a lieu le même jeu des occasions qui a produit l'homme. Au lieu de nature, le philosophe tragique parle de convention. Ce qui existe est d'ordre conventionnel, non naturel. Ce qui existe est indéfinissable, ne pouvant être saisi conceptuellement. Donc tout ce qui est saisissable conceptuellement n'existe pas. Seul existe ce que je ne peux pas saisir, parce que nommer c'est définir, définir, c'est donner une nature, or ce qui existe n'a pas de nature. Donc ce qui existe est rien. 

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On devra donc refuser l'existence à tout ce qui se laisse maîtriser conceptuellement, à tout ce qui peut être défini. Ainsi le dit bien Platon dans le passage du Théétète cité plus haut: si l'on est un adepte de la thèse des "parfaits initiés" - si l'on est sophiste - il faudra refuser l'être à "tout ce qui a nom" en ce monde. Nommer, c'est définir; définir, c'est assigner une nature; or, aucune nature n'est. Ni l'homme, ni la plante, ni la pierre, ni le blanc, ni l'odeur, ne sont. Mais que reste-t-il d'autre pour meubler l'être, une fois exclus de l'existence tous les êtres désignés par des mots? Il existe bien "quelque chose", mais ce quelque chose n'est rien, sans aucune exception, de ce qui figure dans tous les dictionnaires présents, passés et à venir. "Ce qui existe" est donc, très précisément, rien
Clément Rosset, Logique du pire, PUF, p90

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