lundi 6 janvier 2020

60 aM - journal / notes / citations / photos







lundi 6 janvier 2020
Aujourd'hui fut un jour à l'épaule gauche. Trucs administratifs (pénibles). Changer les draps aussi  -⤴⤵ retourner le matelas même. Regarder le ciel aussi, bleu plutôt sans vague à l'âme - prendre le temps de regarder par la fenêtre mon regard dans la ville. Promener le chien. Mais pas de salariat aujourd'hui, récupération du temps donné en plus (drôle de compte, comme au jugement dernier, peser le poids des heures). Écrire le Grand hasard légendaire, recueil de petites proses peut-être. Puis se remettre au livre ostéonirismologique - chouette surprise d'ailleurs d'une note de lecture de Ludovic Degroote sur mon Introduction..., via Poezibao
Quand je promène le chien, je passe souvent devant une zone incertaine, un petit renfoncement mal bitumé, lézardé d'herbes, jonché de tessons de briques, hasardeusement gravillonné par endroits, borné par un mur pisseux aux fenêtres condamnées. Combien j'aime ce lieu, je ne saurais le dire, il en va d'une empathie fondamentale dont le ressort le plus aisément identifiable demeure une affinité de nature entre nous, cette vacance incertaine, cette promesse scellée dans la carence d'usage. Cependant, une telle explication ne suffit pas, si j'aime à contempler cette place d'un pas grand chose, c'est aussi parce que cette sorte de localité tend à disparaître, massacrée par la cartepostalisation de la ville et la gestion affreusement gestionnaire de l'espace public comme lieu de circulation pseudo conviviale entre la maternité, le magasin, le commissariat de police, la salle de sport, l'EHPAD et l'incinérateur.

/

Bien avancé la lecture de Logique du pire de Rosset. Quelques notes... :
L'approbation du chaos est entière et se passe de référence, sachant que l'approbation est le seul acte accessible à l'humain, entendu qu'un acte est ce qui transforme (seul acte à ne pas ajouter du hasard au hasard). L'approbation est conditionnée à la recherche du pire de son époque. Identifier le pire donne à l'acte d'approbation sa justesse en ce qu'elle permet au philosophe d'en rester, non pas aux formes de pensées noires, pessimistes, mais à l'absence de pensée, à la ruine des pensées, comme le dit Rosset. Le philosophe tragique cherche à s'en tenir à cette absence de pensée, autrement dit il se défend des pensées constituées inhérentes à une vision du monde entendu comme un donné. Il ne construit pas de système, il ne pense pas. Ne pas penser, c'est être silencieux. 
Le tragique garde le silence. Une vie est toujours vécue avant de pouvoir être pensée. Ce qui demeure à proximité est l'invisible par excellence. Freud, Le refoulement: ce qui décide de l'objet à refouler nous échappe. L'intime, le familier, est susceptible de se retourner en étrangeté, en méconnaissable. Ressort de l'épouvante. Le silence est intime, il est à l'oeuvre en nous et alentour. Le silence est pourvoyeur de l'étrange et de l'inconnu. 
Le tragique est aussi ce qui se répéte. Dans la répétition tragique, ce qui se répète est un événement premier, un n°1 inconnu, inconnaissable, ce serait même le principe de commencement même. Cependant, ce qui importe n'est pas tant ce qui se répète en tant qu'inconnu, insaisissable, que la répétition considérée dans son organisation. Deux natures de répétition, la répétition à l'identique (rengaine, mort) et la répétition différentielle (vivante, créative).  Nietzsche, (Eternel retour), retour du passé en tant qu'il est vivant. À travers la répétition, c'est une perpétuelle différenciation qui est visée. 

/

Cadeau d'un homme 
Ce soir, à sept heures
mon cadavre brillera
d'une lumière plus pure: et depuis le poème
une main le touchera.
On appelle vie le rite de mourir
et Dieu se cache entre mes cuisses
et mes pères demandent pardon pour m'avoir livré
nu aux hommes dans la plaine obscure. 
Leopoldo Maria Panero, Peter Punk ou Contre l'Espagne & autres poèmes pas d'amour, traduction de l'espagnol par Cédric Demangeot, fissile éditions

/

Cette année sera un four (ou ne sera pas (tout aussi bien (va savoir...))).


///




















1 commentaire:

Dominique Hasselmann a dit…

Je traduis : Bonne année, aussi ! :-)