vendredi 3 avril 2015

515 - LIVRE-AVRIL - 22 (Provisoire)








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          j’ébrèche un peu
(aux côtés)


          une frontière
serait une voix
          désormais 

          (les lettres bornent les lettres)

          pour lire les organes d’avril




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Hématologie
AUTOMAT BECKMAN COULTER LH 500

Hémogramme

          Hématie 5 500 000 /mm3
Ida – Stein 16 %
          Hémoglobine 15,9 g/100mL
Hématocrite 46,7 %
Livre d’El – Sagot Duvauroux 12 %
          V.G.M 85 µ3
T.C.M.H 28,9 picog
Paterson – Carlos Williams                          14,3 %
          C.C.M.H 34 %

Leucocytes 6100 /mm 3

          Polynucléaires neutrophiles 46,7 % 2849 /mm 3
          Polynucléaires éosinophiles 4,0 % 244 /mm 3
          Polynucléaires basophiles 1,4 % 85 /mm 3
          Ici dans ça – Brosseau  7,8 % 97645 /mm 3
Lymphocytes 7,9 % 482 /mm 3
Cinq le chœur - Albiach 9,9 % 876 /mm 3

Plaquettes  196 000 /mm 3
Dans les années profondes - Jouve  98 µ3
V.P.M 8,2 µ3





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En vue d’obtenir son grade, Carl Adolph von Basedow postula chez l’anatomiste Johann Friedrich Meckel von Helmsbach, surnommé Meckel le jeune, qui est, rappelons-le, avec Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, l’un des fondateurs de la tératologie, autrement dit de l’étude scientifique des malformations congénitales. 
Il fut reçu avec cet enthousiasme austère, bienveillant, tout protestant, qui caractérisait Meckel aux yeux de tous. Au fil des mois, une solide amitié naquit entre le professeur et son étudiant, qui ne devait jamais être démentie jusqu’à la mort du maître en 1833 ; en témoigne le nombre impressionnant de lettres qu’ils échangèrent jusqu’aux derniers jours de Meckel ; notons que l’on peut consulter aisément, sous quelque prétexte de recherche universitaire, l’essentiel de ces lettres à la bibliothèque de Halle. 
Quand il rencontra Basedow, Meckel cherchait à renouveler les techniques d’amputation mises au point par Ambroise Paré. Il butait en effet, depuis plusieurs mois, sur la nécessité d’amputer la tête d’un enfant anencéphale sans pour autant compromettre la bonne santé de ses organes vitaux (l’anencéphalie est une malformation qui cause l’absence partielle ou totale de l’encéphale, du crâne et du cuir chevelu). Il orienta sur ce sujet la recherche de son étudiant. Basedow travailla d’arrache-pied à mettre au point une nouvelle technique, laquelle se révéla parfaitement fonctionnelle. L’enfant fut sauvé. Basedow obtint son grade. 
Le père du petit anencéphale, ancien de Waterloo, garde frontière de métier, fut invité à la remise du titre. Il ressentit beaucoup de joie et de fierté à montrer son enfant étêté à l’assistance composée des plus hautes sommités de la médecine prussienne. 





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je reste dans le froid quelle vertu ne pourrait prétendre à la pureté dans le ventre j’écoute les bas bruits de la langue j’entends hypernervosisme palpitations thermophobie douleurs musculaires et depuis s’enchevêtrent les possibles significations des mots du corps un seul visage toutefois scrute une tachychardie à plus de 100/mn je regarde verdir l’outre monde derrière un nombril derrière une exophtalmie j’observe murmurer la vérité ce ruissellement dérisoire circonscrit à la présence de ta voix clouée contre une dystrophie multi-nodulaire des deux lobes et c’est bien cela la langue maternelle imprononçable à la façon d’une hyperfixation au niveau du lobe moyen droit c’est cela la bonne nouvelle quand te tenant droit tu entends paître la langue maternelle qui s’accompagne de perturbations du bilan hépatique dans ton ventre dans tes tripes et dans le lacis des vieilles semences et la profondeur 
entre la station debout et la promesse d’une vive





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j’aurais attendu que ma peau se lie à la poussière du chemin. ce fut un voyage dans les livres de la Shoah. les champs, les arbres, le liseré d’herbe au bord. avril fut le temps nécessaire à la mort et à la vie. je veux dire qu’avril fut l’infidélité même, et pas une once de désir ne nous a échappée. avril m’a pris par la main. il m’a traîné dans ma propre foulée. c’est l’horreur hallucinée, c’est le génie malade de l’Europe que j’ai rejetés et adoptés dans sa furie changeante. c’est 
une maladie qui m’a révélé à la raison d’être. infidèle à la santé. se défaire du jour pour observer le pendant nocturne. d’heure en heure je me délite et c’est encore une présence à la manière des [      ] que je deviens : avril tresse son abîme à mes humeurs désaffectées. je suis moins une personne dorénavant. la maladie m’a initié au destin des jonquilles et des moraines. un paysage se tait dans mon visage. avril édifie des images sur une presque scène. des lumières limpides, des chaussées humides — et dans le fond des masses noires boursouflent un ciel musculeux.

























LIVRE-AVRIL - 22 - Mars 2015

2 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Que Basedow travaille "d'arrache-pied" était, après tout, normal.

Julien Boutonnier a dit…

Dominique, il faut que tu éclaires ma lanterne... je ne saisis pas ton trait d'esprit! Merci de ton passage.