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tu dis qu’un pouls cogne aux
cendres
je ne tiens pas, jamais ; regarde s’éparpiller la butée des choses, c’est une manière d’amour, une façon d’amour ; on peut apercevoir, parfois, à la lueur d’un atermoiement fugace [un frisson dans le dos, inexplicable, pourrait chuchoter cela, en images], le portique et ses files d’attente, les contrôles d’identité, les reflets des armes sur les forces de l’ordre ; je sais que par delà les collines hérissées de cyprès on parle d’une instance cruelle, d’un moloch, d’une hécatombe : et le bleu troublant de l’eau marine clapote, constellé de cadavres ;
saignent les cœurs
tempes froides
va la vie son chaos
tu dis : tout des
lèvres s’ouvre –
je longe la lisière, lis les écorces où l’on peut distinguer encore des éclats de balles, déchiffre cette question : quelle est votre part ? il s’agit de passer, il s’agit d’une traversée, on la nomme parfois un risque ou encore un improbable : mais sur cette incertitude l’homme se brise – donne le meilleur de lui-même ; j’écoute – mes organes migrent d’une langue à l’autre, essaim de lettres, de phonèmes et d’inflexions, j’écoute un crépitement de l’écriture dans cette voix anatomique, discerne parfois quelques mots et puis les oublie ; ma part : devenir l’amoncellement du poème d’où peut être saisi un corps : recueil de vie dirigée vers autrui
quel est le faisceau de ténèbres ?
que saisir en ce désespoir si doux ?
à la cause d’une : plaie
[…] une embarcation […] 200 personnes […] coulé dimanche […] côtes libyennes […] dizaines de migrants […] portés disparus […] 36 […] secourus […] une femme enceinte […] pêcheurs […] présence de nombreux cadavres […] large de Tajoura
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