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Peur avril dans le ventre des mots
salivent mains vivantes :
je reste assis dos à la fenêtre pour regarder la lumière dans le salon : c’est un silence une fois / toujours une fois / et mon corps malade / fiévreux / nauséeux / dans un silence une fois / toujours une fois / mon corps a crié / mon corps a pris la voix d’une frontière / dans un silence une fois / toujours une fois / une frontière a dit ma mort dans le cri du corps / dans un silence une fois / toujours une fois / et ma mort m’a regardé / avec bienveillance / dans un silence une fois / toujours une fois / et j’ai dit oui / et j’ai dit
tout de suite s’il te plaît
cassées : radeaux
tracent une ligne droite comme
un électrocardiogramme
plat un matin pose sa main
sur mon épaule / je me
retourne et vois son visage
tranquille / un corps
misérable a crié / crié
gravées dans un marbre
et des noms se souviennent
sur la table une tasse de thé / une petite cuillère posée sur une assiette jonchée de miettes de pain / trois pommes de pin dans un petit plat blanc et rond à bord cannelé / un melon et deux kiwis dans un autre petit plat blanc et rond à bord cannelé / deux bananes, trois pêches et un citron dans une assiette creuse / plus loin une bouteille d’eau minérale / une serviette pliée / une pince à linge rose / une anthologie de Mathieu Bénézet
et puis tu m’as dit, je sors
la moelle rêve _ d’un jour
le tracé de
la nouvelle frontière
partirait
du village d’Anino
près d’Arta
s’élèverait un peu vers le Nord
puis
contournant les montagnes vers l’est
et laissant en dehors
la plaine de Pharsale
irait aboutir à Armyro
dans la partie méridionale
du Golfe de Volo
son corps ne s'effondre pas maintenant mon visage est rarement le mien de toute façon quelques nuages lents quelques pensées vers Robert Walser qui regarde par la fenêtre si le jour est aussi beau que lui le pense et puis des hivers s'en vont et puis une femme couche son enfant à l'étage
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