nos mots se perdent tout autant que nous évaporation évanouissement qui re-tombent à terre semant le trouble re-naissants
mots que l'on croyait tenir _et la rosée perle mille lettres reflets qu'une main cueille geste tremblant et l'eau de glisser fuyant
tu vois je perds tout ce que j'approche et tomber tomber vraiment ne me fait ni re-naître ni perler mais descendre seulement
en bas je te vois crocheter la nuit percer le nu des lisières ajourer la chute niellée d'aurores noires
tu comprends je te regarde mais je suis la terre au fond rien de plus
les mots ravinent mes joues je m'éboule à l'orage et c'est hurler ce ruisseau de nuit qui fait mon corps dans ton descendre
tu vois je voudrais tenir ce que dit la fuite en moi_rien ne vient qu'instruit l'oubli le printemps et ses senteurs qui sont sang du paysage
je voudrais oui mais ce n'est pas grave rien qu'une houle idiote en son rictus arrogant tant pis je bois et puis c'est rien je vis vers l'insu
et j'écoute la pente combler d'autres lieux ce n'est ni re-naître ni perler c'est peut-être un peuple qui rêve
c'est peut-être un rivage en plaine sous les arbres et les cabanes_une enclave d'ennui
c'est peut-être ça que tu cherches_l'enseigne blanche interlignée dans ta chute
je voudrais détruire les vitrines en brume et la claudication des invendus _je voudrais un rêve je trouve ta chute qui sauve
descendre sous les pas ruiner l'allant des érigés _je voudrais les rues peuplées de failles en chair
je voudrais le néant
à la lumière de tendre la peau et l'œil de suivre
à la main de serrer comme les fers retiennent
au grès la terre au sable le verre donne ta main la mienne est pleine prends
veux-tu prendre vide en soi _mes doigts tressés dans la courbature au creux du ressac
veux-tu
je prends oui l'offrande est belle _loin dans l'écho du manque _ta main pleine de d'en fuite c'est la nuit pleurée là-bas
voudrais-tu
glisser sous la lucarne ces mots distant qui ne disent rien
veiner de noms l'acouphène au nord du silence
ta main harassant la mendicité sans rêves
et moi je te dis
nos mains dans l'intervalle valent trois fois la pluie
c'est toi
et moi je te dis
c'est toi
oui c'est un éclair rêche
diffus
c'est toi oui je suis d'accord
reprendre le gris le fer et la cendre tombés de tes mains _reprendre le fil le cours le sens que tout contient
reprendre la vie invisible la ville et ses jalousies _reprendre le masque la frange le visage que nous a enseignés le gardien
reprendre courage
retenir rattraper (de justesse) à bout de bras à bout de force faiblir peiner autant mais pour quoi et reprendre force serrer les doigts
serrer la main ferrer le poing faire taire les voix qui rongent l'espoir inondant de noir tes yeux comme perdus déjà
mais lâcher la main n'en pouvant plus pluie redoublant versant dans le vide s'enfonçant (mouvement mouvement) chute _silence nappant
reprendre la morsure au début _sous les cyprès rouge sang _sous ce silence nappant la fatigue des pluies ouvertes
mon sang est noir sur l'écran
descendre vers l'écran où torrents se ruent éreintés dans le sang des encres
j'ai tout gommé disait-il tout effacé fait le noir ouvert le néant j'ai tout gommé et voilà que tout revient maintenant
son sourd résonance qui persiste et résiste et fait taire le reste alentour
il disait que le son est un volume où loger le silence des yeux
précis et précieux
alentour j'ai vu creuser les signes dans la cicatrice de reste
et l'abîme et le temps semblables au cœur rouge sang
il disait ta bouche c'est un rift à fleur de peau _deux terres en collision _le son et l'éclat d'un sens brisé sur la langue
il disait ne dis rien écoute écoute le bruit de tes mains quand rien ne les touche quand elles ne tiennent plus rien _écoute
il disait le vent dans les mots la peur au ventre que le bruit du sang dans les veines rythment comme les montres le temps
il disait écoute maintenant
j'ai vu tes doigts lui répondre et ta peau dire l'esseulement et j'ai pris son souffle pour un arbre _ses racines retenues dans la couleur
c'était le gardien l'orme aux ailes de cendres
tu avais déposé tes os à l'estuaire _l'immense virgule faisait le ciel _il disait écoute la remontée d'une lune sous la nuque du jour écoute
il disait
écoute les hommes
il disait
écoute maintenant
écoute
et le temps de passer comme l'eau sur les rives berges nappées irriguant la terre larmes à ses yeux sel de mer réserve au creux de ta main
il disait
la pierre s'est tendue comme la peau et la cendre s'est déposée neige grise du feu le froid
tu vois le ciel est de la partie disait-il
nous avons écouté
tu as tressé le vent et l'avenir
tressé les mots
son souffle s'est ramifié dans les mots distants qui ne disaient rien
fuir c'était ouvrir désespérer il disait trahir sans cesse trahir la posture et l'engagement trahir l'écoute s'ébouler dans la pente
il disait fie-toi à moi (tu n'aurais jamais du l'écouter)
il disait écoute-moi (et tu l'as cru)
sacs de peau ressac de fièvre cassures et tessons de soi dans les bris de l'écoute tout était à faire _j'ai vu ton sourire dévasté
le meurtre
j'ai vu tes mains pleurer
la faute
et l'air s'engouffrer
le souffle dernier
j'ai vu tes larmes rire
la prime ardeur s'élever du meurtre
oublier tout reprendre
(échange "twitter" in progress entre Emmanuel Delabranche et moi-même_ publié avec son accord_ 2013)
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