lundi 28 janvier 2013

308 - peut(-)être un journal

J'ai fini quelque chose. Je ne sais pas quoi. Je ne sais pas comment. Je ne me sens pas à l'aise.
M.E.R.E - 5. J'ai le sentiment d'avoir raté le coche, d'être passé à côté, de m'être vautré, dans tous les sens du terme. Maintenant, continuer, malgré tout: ne rien raconter, puisqu'il n'y a rien à raconter, avec la substance du rêve, des camps et du non-évènement.
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M.E.R.E Utiliser le processus d'extermination comme référentiel culturel; Auschwitz comme mythe (tout le monde a entendu parler d'Auschwitz), comme réservoir d'images partagées.
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Tentative d'élaborer des choses sur Twitter, avec balise #MMERE. J'ai envoyé quatre twits avec balise #MERE, mais cette balise est déjà utilisée (forcément...). Le fait que je n'ai aucune culture internet, que j'explore depuis pas même un an cet univers me fait faire des idioties, un peu comme un touriste ignorant les règles d'usage dans un pays étranger. 
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Un môme:
- Qu'est-ce qui monte et qui descend?
- Un ascenseur? je lui réponds.
- Non! Le petit pois!
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"Là où le temps est un autre" Ce titre d'un ouvrage d'Anna Maria Ortese me fascine (paru chez Actes Sud, traduction: Claude Schmitt)
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M.E.R.E  Je suis dans une impasse. Je ne sais pas comment continuer. Il faudrait que je raconte mais moi, ce que je veux, c'est écrire (abstruse considération...). Quoi est-ce, ce que je veux? : RELIER. (Raconter, n'est-ce pas relier?)
Je veux faire religion, c'est-à-dire: construire un entendement du monde.
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J'aime mes os, leur consistance, leur toucher, comme ils saillent sous ma peau, comme ils durent plus que moi. C'est eux qui écrivent, dictent à mon esprit, c'est eux les os, qui me pensent et m'ordonnent. Je suis l'épouvantail heureux de mes os. 

Pourquoi l'écriture trouve-t-elle sa matière dans la trahison, ou plus exactement dans l'infidélité? Peut-être  parce que la seule permanence de la vérité en l'homme tient-elle à cela: l'infidélité, pour ce qu'elle permet  du recommencement. Or l'homme ne se fonde-t-il pas en cela, le recommencement? La fidélité au D/ieu, n'est-ce pas l'infidélité à soi-même? (Revoir Hölderlin)
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Je jette ces notes pendant le bain de ma fille ou dans le métro en rentrant du boulot. C'est qu'écrire en contrebande, dans une sorte de clandestinité, me sied, je ne sais pourquoi. Contrarier la routine peut-être, cette routine à laquelle je tiens pour pouvoir m'ériger contre elle et promouvoir ma liberté lilliputienne?
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Ne pas écrire consiste à me mortifier. Ecrire consiste à me mortifier encore plus. Vivement que peau soit tannée, qu'on m'écrive dessus. 
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"Tonton a un beau toutou" est-il un hypocoristique avunculaire?
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Sur Twitter, les petites phrases qu'on relève dans le texte pour les RT sont des indications à prendre très au sérieux. Elles confirment une intuition, focalisent sur une tournure qu'on n'aurait pas retenue, retiennent parfois une expression périlleuse ("M'hors temps moi aussi", repris par @gvissac par exemple). Cet exercice-là doit être fait avec sérieux. Il est la mise en pratique d'une écriture travaillée, altérée, déformée par un réseau. L'autre peut là être hôte du processus de création, c'est un risque, c'est une chance, peut-être une idiotie.
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M.E.R.E. Ecrire des balises-poèmes. Puisque je ne peux pas raconter, je peux établir une sorte de topographie du vide, en le quadrillant à l'aide d'un repère, en y posant des balises-poèmes. Chaque balise sera un écartèlement du thème autour de 3 sujets (rêve de NY, camps, non-évènement) qui se disputeront le texte. Ecrire M.E.R.E - 6 pour expliquer cela. Le thème, je ne le connaîtrais jamais.
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Dents: présence du crâne au coeur du visage. Sourire paradoxal: la joie d'un vivant et le présage du mort, de ce squelette à venir, aussi sûrement que vient la nuit.
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