jeudi 10 janvier 2013

303 - peut(-)être un journal

Jeudi, jour des employés municipaux. Toujours cette impression de voir des dieux à l'oeuvre, qui font le vent, emportent les feuilles mortes, ouvrent et ferment les ruisseaux, dans leurs habits de lumière fluorescents... Il faudrait écrire quelque chose là-dessus.




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Au fond, un journal, c'est faire miroiter des écritures, de possibles ouvrages impeccables et bien ficelés. Ce miroitement me nourrit autant qu'un cassoulet de bon aloi. En fait.
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Lucien Suel a laissé un commentaire à la suite de M.E.R.E - 3
C'est une récompense. Un bonheur, un peu mat, un peu gêné, oui, que mon texte puisse trouver un écho chez cet homme dont j'apprécie tant le travail, sur un sujet aussi sensible que le deuil d'une mère.
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et maintenant
où aller?

M.E.R.E, quelle est la suite?  Il faudrait j'imagine commencer à travailler sur les lettres. Comment?
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Il s'agit peut-être de réduire le spectre à des cendres praticables.
Mais au fond, je ne sais pas, absolument pas s'il est pertinent d'écrire à propos de ma mère. La tentation de croire en finir est grande; or, cette croyance demeure une imbécillité. On ne s'en sort pas de la question de vivre avec la présence ou l'absence des proches (peu importe), on ne s'en sort pas. On loge la question, on vit dedans, on y bricole. 
Ecrire, c'est ça: loger la question, y établir sa demeure, briser toute réponse, avec la cruauté d'un enfant jovial. Mais moi, pour ce qui est de la cruauté, je suis incompétent, trop timoré, trop nocturne, pas assez solaire... il y faut de la lumière à la cruauté, pour se déployer.  
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Sur le numérique. 
Il est évident que l'instantané - quasi - de l'écriture et de la publication, que je pratique, me permet de me séparer du texte, de m'en défaire et de continuer vers un autre texte, un texte autre. Le danger est d'oublier de revenir, de reprendre, de construire... Il y faut de la méthode. Le blogue dans cette perspective est bien cet atelier à ciel ouvert, où le regard et la participation des autres sont souhaitables et souhaités. Mais jusqu'où le regard de l'autre ne devient-il pas l'unique motif de l'écriture? Jusqu'où l'expression ne devient-elle pas pur mouvement vers l'autre, fondée dans le regard de l'autre, regard attendu, regard désiré, regard quêté? 
Cela me hante. 
Fragile narcissisme.
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Impression d'écrire autour du sujet M.E.R.E, de faire des arabesques, des entrelacs de réflexions dont la pertinence n'est pas dans le sens mais dans l'approche relative d'un sujet qui se dérobe.
M.E.R.E : la colonne vertébrale des textes, c'est le rêve. Revenir toujours au rêve du vieux à New-York (soudain ce nom me semble passablement mythique).
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La colonne vertébrale
La colonne verte brûle.
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Ecrit ça dans le métro, en sortant du boulot:
J'aime bien sentir cette légère pression dans mon crâne, que cause la fatigue issue de mes efforts pour mener de front vie famille, écriture et emploi salarié. C'est un presque mal de tête, une aquarelle de migraine qui serpente entre mes tempes et prend la signification précieuse de ma vie vouée à l'expression fragile d'une brume lancinante. Cette brume, c'est la féconde intrusion du songe humain, si violent, si regrettable, si éblouissant, dans la présence sans âge des choses de la nature. 
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Et voilà, ce jour encore dans cent mille ans ne ressemblera plus à rien.
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Gare aux illusions...

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