Nous en étions à l'énigme.
Apparut l'innomée...
...d'automne vêtue, camaïeu marron, texture caresse, robe danse sous sifflement charnel des hanches, cheveux lumineux, bonnet de beige laine, écharpe flottant en nuances bordeaux, petits gants de noir luisant et chaussures assorties, l'innomée, apprêtée, charmante, marche, légère, attentive à son jour, lancée dans sa vie comme une eau à peine éclose dévalant le versant des collines, elle chemine dans la force et l'innocence de son incarnation, dans l'allant de son corps, dans ce bout de monde itinérant qu'elle a, dont elle est: cette chair promise à la mort qui aujourd'hui irradie, victorieuse, talentueuse, belle et magnifique, l'innomée reflète l'accord de la jeunesse et de la lumière, manifeste la concorde embrasante et sans âge de la flamme avec le vent, l'innomée, prophète, de l'index de sa main droite pointe le ciel, l'infini, l'éther azuréen, elle désire, et ses pieds effleurent à peine le sol - juste une pointe, juste un talon - tant elle désire, désire, désire
et le masque recelé dans le rien de la peinture - ce drapé d'un banal sac poubelle venu au jour par hasard - révèle, par la simple présence de l'innomée, qu'il présentifie la douleur infernale et incessante de l'innomable parce que lui, qui pourtant soutient l'univers et nous enfante à chaque instant, jamais, ne sentira sur sa peau le petit vent vif d'un automne radieux dans le pressentiment limpide d'une existence à vivre.
Cette douleur de l'innomable est précieuse: elle cimente la solidarité des ébranlés.
La lunette d'approche
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