dimanche 16 septembre 2012

205 - Les indécidables - 3

Parfois je me résorbe. Je deviens une contracture au coeur de ma présence. Une minuscule tension. Un homoncule ligoté. L'espace que je libère de la sorte ne reste pas vacant, il est envahi, aussitôt, par une angoisse lourde et translucide. Elle s'y loge comme une brume incessante et sans profondeur, constituée de milliers de petites lames en suspension. Cet essaim silencieux me lacère doucement, il me taillade, me scarifie et fait comme des écritures sur mes organes. 




A travers l'angoisse j'entraperçois des choses. Des absences poignantes qui fuient dans les champs, que personne ne ressent, que personne ne pleure. Un sac plastique accroché à la branche d'un buisson qui frise un instant dans la nuit. Des herbes au bord des routes qui se dessèchent. Des places vides ceintes de hauts bâtiments que traverse un chien hagard. Je vois mes intestins resserrés autour d'une amulette enfantine. Je vois mes yeux crevés rouler sur un bitume. Ces visions me perforent, elles me paniquent parce que je ne me sens pas à la hauteur. Que pourrais-je en faire? J'ai le sentiment que le mode d'emploi de ces images est gravé sur mes organes, que si j'y avais accès je pourrais créer quelque chose qui, peut-être, soulagerait les hommes. 




Mais peut-être suis-je moi-même le mode d'emploi de ces visions? Peut-être prennent-elles sens à l'aune de mon visage? Ou bien de mon désir? L'angoisse serait cette interface entre les images dont je suis le sens (que j'ignore) et moi-même. 











La lunette d'approche

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