mardi 22 mai 2012

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Joseph est en colère quand il lit, sur de petits encarts ou de grands panneaux, dans le métro, les administrations, sur le périphérique, dans la rue, qu'on le filme ou l'écoute pour assurer sa sécurité. Il juge cela parfaitement hypocrite, d'autant plus que depuis quelques années on ne parle plus de la Sécurité Sociale mais de l'Assurance Maladie. Ce déplacement de la notion de sécurité, du soin de la personne vers sa surveillance, le met en rage. Il juge que c'est là une atteinte à la démocratie. 
- Tomber malade est inhérent à l'homme, il n'a pas à être assuré contre cela, il doit être accueilli comme cela, explique-t-il. Prétendre assurer une sécurité de l'homme quand il se déplace dans la ville ou sur les routes est une supercherie. On n'empêchera jamais un homme motivé d'agresser un autre homme, ou un pot de fleur de tomber de la fenêtre sur un piéton, ou un automobiliste de heurter un passant. Cette prétention témoigne d'une volonté très inquiétante du pouvoir de contrôler la vie dans sa totalité. 
Pour lutter, quand il pleut, Joseph garde son parapluie ouvert dans le métro. 
- Je représente l'opacité du réel, affirme-t-il aux usagers intrigués en gloussant comme un enfant.

Julien Boutonnier

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