samedi 31 mars 2012

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Quand Clarisse est appelée par sa fille qui se réveille, quand elle passe le seuil de la chambre, quand elle découvre ce visage souriant auréolé des gerbes blondes de ses cheveux en désordre, quand la lumière dans ses prunelles outremers, quand Sarah tend sa menotte par dessus les barreaux du lit, quand elle dit - nana! nana!, et désigne du doigt sa tétine tombée sur le plancher, quand elle gigote et trépigne en tendant les bras, quand elle interpelle le noble éléphant dont l'image est fixée sur le mur, quand elle court, quand elle se cache sous le bureau, quand elle s'agrippe à son mollet comme un volubilis à la treille, quand elle se tourne vers elle et lui jette au visage les deux fleurs bleus de son regard espiègle, quand elle ouvre l'ovale de sa face et défait, pour un court instant, en un seul sourire, le noeud complexe de son existence...


Julien Boutonnier

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