mardi 28 février 2012

17

8h25
Clarisse assise sur le quai laisse filer les rames de métro. Les usagers s'y entassent tandis que s'accroît son retard. On l'attend quelque part paraît-il, on l'attend pour rendre un service en échange d'une rémunération. Mais aujourd'hui Clarisse n'entend pas mêler son beau corps à cette cohue bestiale, à cette mêlée moribonde. Si sa vie est l'aboutissement improbable d'un processus de plusieurs milliards d'années, si sa chair consiste en poussières d'étoiles venues d'elle ne sait où, si son esprit s'essore d'un manque incroyablement blessant, ce n'est tout de même pas pour s'agglutiner à la masse de ces pauvres hères qui chaque jour, sans le savoir, commémorent les effroyables transports de déportés vers les camps de concentration nazis. Aussi Clarisse se lève, gagne l'air libre et s'en va flâner dans un parc, avec la lumière sa soeur.

Julien Boutonnier  

Aucun commentaire: