mardi 26 mars 2019

8 aM - peut(-)être un journal








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La durée est un talus funéraire.
À défaut d'être,
nous consentons à vivre des heures mourantes.
Commencer,
c'était déjà s'écarter des tombeaux. Le temps
s'est levé sur nous comme un signe usé.
François Jacqmin, Traité de la poussière, Le Cadran ligné
*

s'assoir au bord, en discerner les chimères qui font du vrai, laisser l'eau dire les choses
                                                     les chimères font du vrai
la chair de ton corps, qui sait?

*

Il s'en est fallu de peu
que je manque de tout

La réplétion par le vide, ce luxe merveille d'impossible

Le négatif à l'oeuvre depuis le sentiment de l'enfance
          et la question de la provenance - unde ? - reste telle qu'elle est ouverte

*

auteur, autre: c'est même
l'anonyme qui nous tient au coeur 
écrit
c'est elle l'ombre portée qui pense
au fur et à mesure que cela vit à travers la médiation que je suis

*

tu as regardé vers la canopée. dans le salon eut lieu ce silence dans une sorte d'équivalence de ton visage. là-bas ce sera la mécanique des rêves, le chambardement nécessaire au renouveau. A la place d'un mot, un autre mot. A la place de la place, seule la promesse d'une transformation aussi infime soit-elle. les arbres ont fait des choses d'arbre: ils ont remué à peine dans la paresse d'une brise, ils ont duré et duré encore avec l'intégralité des jours en bandoulière, je me suis arrêté moi. j'ai observé comment les doigts tenaient à la paume de mes mains. Je me suis demandé quelle était l'identité de mes membres. A qui pouvait bien appartenir ce fatras bizarre en dernier terme. on a rigolé dans la prairie. tant d'espace pour nos promenades, tant de profondeurs offertes à nos regards. fouler l'herbe c'est comme prendre la parole: on s'enfonce un peu dans la délicatesse du présent et puis le déséquilibre règne, tout en douceur, tout en fraîcheur.

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S'il est préférable de ne pas trop chercher à se qualifier soi-même, il est nécessaire de préciser parfois quelles sont nos occupations.

*




*

la main qui manque est au bout du bras laissé-là, le bras laissé-là a la main qui manque au bout, le bras laissé-là fait doucement avec la main qui manque, la main qui manque rêve au bout du bras laissé-là, le bras laissé-là est une discrétion sur la nappe, la main qui manque est une discrétion sur la nappe, le bras laissé-là sur la nappe fait doucement, le bras laissé-là sur la nappe est un rêve, le rêve du bras laissé-là sur la nappe fait doucement, le rêve doux du bras laissé-là sur la nappe est fatigué, le bras laissé-là est un rêve sur la nappe fatiguée, le bras laissé-là comme un rêve est fatiguée sur la nappe, la discrétion du bras laissé-là sur la nappe est douce, le bras laissé-là discrètement sur la nappe fait doucement comme un rêve, le bras laissé-là sur la nappe au bas de l’éboulis attend, le bras sur la nappe au bas de l’éboulis attend, une attente est sur la nappe dans l’éboulis, une nappe attend dans l’éboulis, l’éboulis attend sous le bleu, le bras laissé-là dans l’éboulis signe sous le bleu, le bras signe sous le bleu, le bleu veille sur le bras qui signe dans l’éboulis, le bras signe au bas du rêve sous le bleu, l’éboulis est bleu dans la signature du bras, la signature du bras est vraie au bas de l’éboulis bleu, la signature glisse sur les pierres de l’éboulis bleu jusqu’au bras qui rêve, le bras laissé-là signe sous le bleu de son rêve, le rêve de l’éboulis sous le bleu a laissé un bras sur la nappe, le bras laissé-là par le rêve signe à l’appel,

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Le rien
est à ce point énigmatique qu'il existe
hors de soi
Son absence
revêt l'aspect peu probable d'une privation
qui ne prive rien de rien.
François Jacqmin, Traité de la poussière, Le Cadran ligné
*

sa part d'immortalité
c'est peut-être cette chocolatine
mangée avec insouciance
un matin
en allant au travail
en allant en allant

*

et vous, 
quelle est votre excuse?
1. misère!
2. quelle est cette adresse perfide?
3. une publicité songe
4. un sourire ignore la mort

*

                                                    la nuit
                                                    combien de fois
                                                    la terre dans la bouche

*

soudain la pensée cesse dans son ****
c'est comme un mur orbe à l'esprit
l'effet d'un refoulement
la manifestation patente d'un conflit

          sonic youth: confusion is sex
          il pleut sur Mazamet qu'y puis-je?

*

                        le texte pense à des
                        univers possibles. il
                        rêve à voix haute
                        depuis la jetée, cette
                        avancée dans l'incessant
                        du rien, où s'échouent
                        et fleurissent les cabanes
                        de l'enfance.

*

LA PUISSANCE DE RÊVE des paroles de certains, simplement dans les mots, 
dans le récit d'une activité, 
dans le témoignage d'une subjectivité

*

22/03/19, 18h02, bus, assis
il y a la charge d'un nom, cela nous défait, et cela nous fait aussi. on aura beau poser la main dans l'herbe et sa couleur qui est une aubaine, le nom aura été posé auparavant. contracter les muscles n'a pas d'autre vocation que trouver un déséquilibre de bon aloi. tu me regardes dans les yeux comme si j'étais un être, de ceux des humains, de ceux qu'on apparente à l'humanité. qui peut songer dans sourciller au sentiment de son apparentement au commun d'un monde enfin nôtre? qui a la force encore de se poser comme fils ou fille de l'homme, de la femme et de l'enfant? on passe du temps à ça: river nos pensées dans l'épaisseur de la frontière, fabriquer des visages avec la teneur des nuits, avec ce geste que promettent les architectures, quand les corps s'animent et se mettent à parler.

*

Il n'est pas jusqu'au soleil qui ne se
souvienne
de cette illumination contraire où le savoir
n'entre pas. La lumière est un fait en fuite.
C'est au plus fort
du feu qu'on devient un auteur anonyme.
François Jacqmin, Traité de la poussière, Le Cadran ligné
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1 commentaire:

Dominique Hasselmann a dit…

comment terre
comment ciel
comment vivre
entre les deux