samedi 9/9/17 10h48 Coulée verte - debout
c'est une pluie qui se dépense
un visage fortuit
jeté à l'abandon
telle une étreinte
une approximation
j|e suis un peu de cela
de l'air qui prend l'eau
et pèse à demeure
tu as circonscris
l'avenir à la moindre
évocation
la langue a le corps dans le sang
- c'est bien de parler tu
dis et puis tu m'embrasses
*
Ce matin, comme je ne le fais pas à l'ordinaire, j'ai pris la voiture pour aller gagner ma vie (si je puis dire). J'ai écouté Didon et Enée de Purcell en regardant la ville faire grise mine depuis les nombreux ralentissements subis sur le périphérique. Cette situation, combien serait-elle inconcevable pour Purcell. Comment aurait-il pu se représenter ce flot de voitures, ces architectures périurbaines d'une esthétique si éloignée des canons de son époque? Et pourtant, ce sont bien sa main, son esprit, sa sensibilité la plus singulière, son savoir faire, dont je me délecte à l'usage du temps de ce trajet. Purcell est comme assis sur le siège passager, étonnant, heureux peut-être, et son souffle le plus subtil a traversé les siècles pour déposer un peu de buée fugace à la surface de mon existence, je veux dire, cette musique que rien, encore, ne peut garantir. En aucune façon. Elle reste un risque.
*
Si je cherche à déterminer quel sentiment est propre à fonder une école existentielle, peut-être littéraire, du moins personnelle, je conçois la tristesse que provoque l'extinction de la faune et de la flore. Je trouve là une émotion qui tient, que rien n'entame: une sûreté. En cette tristesse donc je dépose ma confiance, d'autant que je ne connais personne, de près ou de loin, dont l'envergure d'âme soit suffisante pour l'embrasser pleinement. C'est comme si nous vivions sans nous substanter à la source de nos propres émotions.
*
lundi 11/9/17 16h52 Canal de Brienne - debout
la fatigue a vu juste :
une hémorragie rode
à l'est de mes veines
elle approche au galop à
flanc de montagne
c'est une heure après l'autre
tes mots, les miens,
pour une relation
j|e perds la raison du plus
je ne sais quoi
labyrinthe informulable
émoi diffus, premier, buccal
laisse, viens
oui
***
Mais peut-être, à vrai dire, devrais-je nommer cela angoisse?
rares de nos jours sont ceux qui peuvent troquer la peur contre l'angoisse
seuls les riches de rien
les puissants de néant
*
lundi 11/9/17 16h52 Canal de Brienne - debout
la fatigue a vu juste :
une hémorragie rode
à l'est de mes veines
elle approche au galop à
flanc de montagne
c'est une heure après l'autre
tes mots, les miens,
pour une relation
j|e perds la raison du plus
je ne sais quoi
labyrinthe informulable
émoi diffus, premier, buccal
laisse, viens
oui
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