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mes yeux sont eux-mêmes la voix (le chant) des nuits
l’angoisse entre par la porte au fond de soi • elle s’insinue dans l’attirail splanchnique • dans la fressure elle caresse / enflamme / excite • ô ma vieille amie • tu es mon visage au plus vérace du moi : • ma face • ma parole • mon doute • mon meilleur • viens ! • vieille fille • viens je t’accueille • mon enfance • viens ! • on va noircir le ciel jusqu’au bas des arbres •
(il ajoute qu’Angoisse comme un vent dans les feuilles au milieu de nulle part, comme une tragédie possible et impensable dont les effets seraient sensibles avant même qu’elle ait eu lieu) •
(il ajoute aussi qu’Angoisse comme une chance de se réveiller soi-même, de réévaluer les liens d’importance, de voir celles qui lui sont une vie : cette vie que sont présences d’une femme et d’un enfant) •
(il conclut, avant de se resservir un peu de navarin d’agneau, qu’Angoisse penche et que cela, on n’y peut rien, c’est ainsi : Angoisse penche vers la joie) •
(il épilogue en affirmant que toute dépression est une bonne nouvelle qui se serait perdue en chemin) •
: fend les sous-bois je regarde l’air mort et
les tessons d’hommes
si je suis une frontière, il ne fait aucun doute que je suis cloué à bonne distance de moi-même.
et dans cet écart trouve à s’exprimer ce qui se trame à l’endroit de ma présence, je désigne ici l’amoncellement d’organes verticalisé que je suis : dont je suis.
la difficulté reste dans la saisie de cette expression qui trouve sa pleine voix dans le silence des organes.
on pourrait penser que, quand nous affirmons que nos organes sont des textes, nous établissons une métaphore : il n’en est rien, radicalement rien.
nos organes sont vraiment des textes, ils sont des textes pour de vrai et c’est par le truchement de ces textes que nous pourrons, à défaut de toute autre médiation, capter quelque chose de ce qui a lieu dans l’écart qui préside à la relation de soi à soi.
lire ses propres organes n’est pas chose facile, pour autant, quand on est réduit à l’état de frontière, l’entreprise s’avère possible, car on réside précisément entre deux, voire trois langues.
dans ces interstices s’émeut une autre langue qui demeure extrêmement proche […] de la langue dans laquelle sont écrits les textes que sont les organes.
cette langue entre deux langues, nous pouvons en retranscrire des bribes par le biais d’une brume, textuelle elle aussi, que sécrètent, à l’ombre des longues nuits du passé, les manuels d’anatomie du siècle des Lumières et peut-être même du siècle baroque.
je parle bien entendu d’amères lucidités et de leurs délires corollaires : je parle de dissection.
(c’est un axiome (– d’avril…).)
: de femmes –
à la commissure du jour et d’un reste
niche dans le verrou !
fore le fer dans l’épaisseur du battant !
chant brisé !
:
acier
jour d’une v
ie inexorab
le larm
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able colèr
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les les her
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