mardi 14 octobre 2014

474 - LIVRE-AVRIL - 10 (PROVISOIRE)






          10


l’eau a frémi      je suis resté      avec :
le chant des morts pour toute salive 



il y a de la buée sur la bouteille de jus de pomme ; tout est calme ; le calme nous regarde ; le calme nous regarde dans les moires de l’ennui ; cette chance : l’ennui qui nous regarde ; la buée palissade le sec ; l’ennui est sec : c’est un désert ; c’est une chance pour nous ; les moires d’un désert ondulent au calme ; nous avons un corps ; nous avons un corps chacun de part et d’autre de la table ; 

[ sous la peau ce n’est pas une chair non c’est une lumière d’après-midi une parole venue de dehors une soif en été après l’amour sous ma peau sous la tienne c’est la première heure la dernière et les autres jointes en un fagot sur l’épaule d’une absence ]

sur la table il y a la bouteille de jus de pomme ; la bouteille nous regarde ; l’ennui nous fait l’amour ; l’ennui déplie le désert entre nous ; l’ennui déplie le désert dans le corps de chacun ; entre nous la buée constelle les moires de l’ennui ; 

[ une image m’a hanté longtemps. des jours de morts et d’errance. je suis debout. ma peau glisse et fait des plis sur mes chevilles, comme un vêtement. je vois un enfant en bas âge attendre que sa maman lui remette sa peau. qu’elle le soigne. qu’elle le vête. mais la maman est partie. et l’enfant attend dans la douleur. et son attente n’aura pas de fin. il apprendra. à vif. ]

tout est regard ; nous faisons l’amour dans l’ennui ; de part et d’autre de la table le désert nous fait l’amour ; les moires d’un ennui s’irisent au fur et à mesure qu’entre nous s’intensifie le calme ; le calme et le sec bandent en silence ; entre nous le calme et le sec bandent en silence ; le silence s’irise ; le jus de pomme gicle sur la table entre nous ; nous sommes la giclée du jus de pomme entre nous ; 

au checkpoint de la peau triomphe un rossignol de l’amour



 : toi qui abondes      à ce prochain tronçon 
de voix 



vacuité • bâclage du souffle • peau désordonnée • hors repère • ce que dit la nuit • à travers • la sueur du vent éreinté • dehors la neige • soir • dans l’interstice • la personne • le masque de peau • derrière c’est autre chose • mon corps • bout de bois • mutique • bois flotté • silence • souviens-toi : • demain • comme un goût • vaporeux • aigu • dans le ventre • lumière 
âpre



                  mon poing      –       s’écaille
dans une joie      



il planta ses beaux yeux verts dans les siens qui s’embuèrent aussitôt, et, tout en se servant généreusement de cet incroyable roquefort, affirma d’un ton péremptoire :
          « j/e
          partirais 
          de l’embouchure de la rivière Carapapori
          qui se jette dans l’ancienne baie de Vincent
          et remontant cette rivière Carapapori
          j/e traverserais
          la partie septentrionale du lac de Jaca
          le lac Maprouenne
          puis le lac Novo 
          et j/e rejoindrais la branche sud 
          de l’Araguary
          en empruntant le cours
          de la rivière Uamacary »



                           ta voix s’enlace au bruit 
d’un vent       dans la haie      


cette escalade dans la militarisation […] drames humains […] européen […] l’homme […] détroit de Gibraltar […] morts […] frontière […] détroit d’Otrante […] détroit de Sicile […] les drames […] Lampedusa […] 2000 […] mortes […] l’OTAN […] « de manière appropriée » […] Conseil […] on ne peut dénombrer […] disparu […] îles Canaries […] désert saharien […] mer Egée […] fleuve Evros […] pièges […] disparition […] dernière décennie […] 12000 personnes […]


                                               ton nom 
dans l’épaisseur       : un nid vide où 
clame un deuil



voguent voiles de chips enverguées sur le dos des fourmis un geste de brume effleure la jonchaie un bois fredonne et ses feuilles en tombant froissent les cernes lunaires à l’eau des pas perdus et quelques rires s'éboulent mes mots le long du corps il faudrait dire quelque chose maintenant à l'usage d'elle-même et de tous elle est sortie dans le jardin son verre à la main il faisait bon l'eau s'est doucement logée dans la soif la nuit hume la paix jusqu'aux os l'absence de sens de toute chose a murmuré que toute chose avait un sens elle a souri des étudiants riaient au loin vers le canal





















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