mardi 28 janvier 2014

416 - peut(-)être un journal







Dans le métro, les photos de Christophe Grossi ont une odeur.

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Paris - lumière allongée - ma fille qui danse - chante -  et puis

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aéroport - sucette - des pas - sur le marbre - des églises Orly - et puis

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les passages de gris dans la crème là-haut - le froid - on s'occupe - réveillon - et puis

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route - murs - nuit - 
                            au revoir - c'est toujours déjà-là ce qui devient important

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Voilà une semaine que je n'écris plus et je me raconte envahi de cris, de morts, de lune sanglante et de haine froide. Des hordes furieuses labourent mon corps. Il me reste à transmuter cette sauvagerie en mémoire, je veux dire, en /// STOP
Je me raconte des trucs, par fidélité pour celui que je ne suis plus déjà, et je n'y crois pas: seule retentit la fidèle clameur d'une lutte contre soi. Mais combien de kilos d'aurore pour un atome de roc? Je reste devant les crocs du temps. Que faire sinon s'embarrasser de doutes, de contours, de formes et d'envies? S'embarrasser c'est embrasser l'adresse d'un vivre.

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il est parfois question de vivre à l'amour mais ça saigne en soi... masque de marbre en guise de visage - il fait froid là-dessous - et nos pas qui foulent la butée d'un refus plus fort que soi - ruisseaux se figent

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moi c'est quoi
qui pleure
cette terre des vivants
dans la houle des spectres
vivre vivre
les ombres voilà ce qu'elles hurlent
vivre vivre
et nous collons nos yeux à l'absence
quand les morts pleurent la présence enfuie
il faudrait vivre comme un mort revenu à la vie

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ARTHUR, TEL QUEL

À Pierre Michon, à ce qu’il fut, à ce qu’il est, où qu’il soit

Frêle noyau, livrant ses choix aux vents, aux carrefours, aux brins d’herbe, pierres gisantes où ne demeure que ce qui devient deux, s’innocente, s’incurve, s’abaisse à ses propres poussières…
Ici le lieu n’est plus enclos ni territoire, don d’emblée saisi, lest de chance, dépouille des lois: car comment condamner, ou pardonner, lorsque l’on est comme l’eau qui va partout où aller se peut, fin sevrant ses moyens plutôt que les plier à ses offices ? Climat de la lisière, accueillant sans peser, conviant au passage, pas au séjour…En lui, l’ombre même s’allège, dénude et sépare, en appelle aux orées du jeu qui mène, haies valant énigmes, à découvert dans le champ qui s’éloigne sans bouger, mûrit le serpent dans la soudaineté embuée où, comme à jamais, fond le regard, et ses doubles… L’adolescent de toujours marche, veille, soupèse. Il est seul. Ce qui vaut, et vaudra, ne se mesure qu’à son aune.


André Rougier, Les confins, 24 janvier 2014 

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En Arabie Saoudite, des femmes prennent le volant pour protester, elles qui n'ont pas le droit de conduire. 

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pluie au matin ternit la lumière
fabrique un possible désoeuvrement
je m'en saisirais peut-être
pour porter aux nues 
ce qui chute avec l'ondée
     l'accueil d'une dispense

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L'amour densifie le mur contre lequel vivre bute et se ressent. Et le paysage s'en trouve amati, comme présenté un peu plus aux sens et au récit qui découlent de ses ravines, je veux dire, cette fiction bien sûr qu'on nomme soi. En cela, l'amour a la même vertu que la poésie, ou une psychanalyse. On se trouve collé à soi, et soi est ultra ouverture, on devient si banal que c'en est époustouflant. C'est un qu'on devient. Mais cela ne dure. On redevient ensuite exceptionnellement singulier. Quel ennui. Il en est pour admirer un fort caractère. 

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Ce qui fait grandir un enfant, c'est le temps passé à jouer avec lui. Jouer c'est être attentif à ce qui a lieu-là, c'est créer au fur et à mesure en fonction de ce que l'autre apporte.  
La mort nous regarde et nous comprend. Son soutien est indéfectible pour celui qui sait prendre le temps de s'amuser avec un enfant. Il se trouve réconcilié peut-être, un peu, un moment. 
Voilà sans doute à quoi tient la richesse de mon travail d'éducateur.

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dés-identifier toute cause personnelle qui pourrait motiver l'écriture - comment - défaire en écrivant - en rejetant toute capitalisation d'un thème - pour moi une mère morte - il est évident que bientôt - je n'en parlerai plus - la seule fidélité possible en vérité est précisément l'infidélité - se saisir soi-même : - s'en retourner au coeur de soi - au noyau infracassable - par infidélité à ce qu'on se raconte soi-même de soi - qui n'est ni vrai ni faux - mais qui est mort pour soi - advenu - vidé de sa substance - dépouillé

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vivre en pure perte - comme les faits de la nature - avec la mort en plus - 

Je repense à Yseult Wojciechowski, cette personne avec qui j'ai passé tant de temps quand je m'escrimais à écrire un roman blanche.


Yseult fixa la seconde porte. Des écritures au feutre noir couraient sur toute la surface. Elle ouvrit plus largement la porte pour laisser entrer la lumière du couloir puis s’avança dans la petite pièce et commença de lire les mots qu’une main fiévreuse avaient couchés sur le bois du battant.  Déchiffrer cette écriture relevait de la gageure. Les mots y étaient réduits à des quasi-traits parfois croisés d’un segment vertical plus ou moins courbe. Yseult ne sut en décrypter aucun, d’autant plus que sa grande nervosité l’empêchait de se concentrer.  Que penserait M. Hérald s’il la trouvait en pareille posture ? Comment réagirait-il ? Pourquoi prenait-elle ce risque que leur rencontre débutât sous de mauvais hospices ? Ne pouvait-elle pas revenir plus tard comme l’exigeaient la raison, la bienséance, la loi ? Yseult se tint en funambule sur une limite, tout près de paniquer mais repoussant à chaque instant le moment de regagner son appartement où elle savait qu’elle éclaterait de rire d’avoir agi de la sorte et de s’en être sorti sans mal.  Mais après ? Ne ressentirait-elle pas ce remords qui dévore les lâches ? Ne serait-elle pas la proie privilégiée de l’ennui, de ce sentiment qui ouvrait des abîmes de perdition dans lesquels sa pensée nauséeuse pouvait errer sans but des jours et des jours ? Aurait-elle le courage de frapper à nouveau à la porte ? Yseult demeura devant les écritures, haletant, suant, tremblant. Et tandis qu’elle luttait contre elle-même pour ne pas s’enfuir, elle fit l’expérience que dans l’ombilic de sa peur elle se sentait être à sa place. Une joie fragile et puissante se manifesta entrelacée à la peur, sans évacuer celle-ci d’aucune façon, sans en atténuer même l’inconfort.  Les deux sentiments se provoquèrent, se soutinrent l’un l’autre jusqu’à ménager une tension formidable qui tint Yseult au-delà d’elle-même et lui donna de contracter l’esprit d’enfance, celui-là même qui nous étreint quand la vie paraît digne de notre confiance malgré la mort. Avec application elle suivit du regard les signes urgents inscrits sur la porte sans toutefois les comprendre. Elle lisait pourtant réellement cette écriture, non pas pour accéder aux significations qu’elle recelait, mais pour se mettre en présence de ses caractères. L’homme dont elle cherchait à trouver le regard les avait laissés là comme une énigme, comme une trace, comme une épave appelant de son cri silencieux la contemplatrice solitaire pour qu’elle nourrisse de sa rêverie son existence perdue. Yseult consentante commença de rêver devant cette graphie. Elle se retourna lentement et ferma la porte de palier avec précaution. Son cœur battit à tout rompre. Dans le noir dorénavant elle s’abandonna à sa peur et sa joie crût d’autant. Son corps se manifesta en puissance comme un phénomène prenant part au concert du monde. Comme une averse abreuve la terre, comme un nuage porte son ombre sur le paysage, comme une herbe aiguise son brin sous la meule du vent, il produisit son rêve dans ce vestibule enténébré. Peut-être : tout était possible. Elle s’avança vers la porte écrite, chercha la poignée de sa main fébrile, appuya sur la poignée, poussa la porte écrite. Un gémissement leur échappa, aigu, frêle, dérisoire. 
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j'aime bien la tarte tatin, plus que le crumble aux pommes en tout cas. Et pourtant j'aime bien manger du crumble. 

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LE SIMULACRE EN LUI
            le volucraire
à la
fenêtre ouverte quand
                 jusqu'à
l'angle pour apparaître il lui
parle par la poussière
           en tant qu'elle est
flottante et responsable, dieux
charnels,
        égarés sur la pellicule, pour
s'anéantir -- les ailes de la peur
              sont transparentes, donc -- 
il décompose, sa
joie du dehors
joie de la non-attente
              oiseaux,
froissements d'ailes sans
le bruit, comme inseccable,
et cette sensation qui le saisit
              d'être avec le
visage démultiplié,
        un seul, alors, volume de
jour crépitant où il
est lui de l'être,
            ainsi,
surface en creux,
le regard du vertige sans sa voix.


André Markowicz, L'emportement, coll. l'inadvertance, Publie.net en poésie

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la situation démographique mondiale dans cinquante ans 

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être fils - dans la rencontre avec un père - cet éboulement de soi dans les mots les plus ordinaires - quelque chose d'effondré - depuis long - depuis la Première Guerre sans doute - et ça passe - de père en fils - ça s'effondre et - rien - n'a lieu - rien - ne le dit - on reste idiot - empêché - dans le doux massacre diffus - on boit un café - on reprend - la route - il reste qu'on se sent - mort - on ne sait pas - expliquer - on ne sait plus - s'impliquer - dans l'air - barbelé 

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queue - boucher - marché - dans le couloir où - les loges alignées - j'attends - un gigot d'agneau - sous mes yeux - quelle différence - avec une belle cascade en montagne les flots chevelus d'un océan tourmenté - écrire annule - et nos organes pourquoi ne sont-ils pas - exposés - de la sorte - à un moment ou à un autre - ils méritent aussi - ils sont - beaux - de luire dans la lumière - pourquoi - pas - j'entends - des voix - un enfant qui gémit - tendron de veau - un type qui a mis ses mains dans les poches - joue de boeuf - il y a des effets - de lumière - gite à pot-au-feu - belle journée - je pense aux Hivers de Hugues Dufourt - côte de veau désossé - et je me sens - mieux - quasi - je me tiens - debout - entre des personnes - on fait les - humains - des trucs d'homme et de femme - cote à l'os - c'est plutôt ou non - extraordinaire - j'entends - l'oiseau - de Michel Fugain - j'ai envie ou pas - d'embrasser - toute cette viande - grenadin de veau 

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Je crois qu'un combat qui oppose mangouste contre cobra figure pour moi une scène primitive. Un corps-à-corps (plus ou moins) amoureux. Ma compagne ne m'a pour autant pas encore mordu le crâne; ni terrassé. 

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Il y a dans ma maison une loi tacite comme quoi je suis chargé de sortir la poubelle. 

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Reprendre les premières pages de Ma mère est lamentable (Voyage à Mazamet). Trop de répétitions. Et puis le style ne tient pas. Les incises du journal ne fonctionnent pas bien. Peut-être organiser plus de morcellements - ne pas trop réfléchir - écrire avec la main - renoncer au corpus où se lieraient les différents textes issus du Rêve de New York, c'est beaucoup trop tôt. 
En finir et puis proposer à quelques maisons. 

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Il y a des lectures qui tombent plus ou moins bien.



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se déploie, je le sens, une grande nuit - il faudra travailler dur et aimer beaucoup la vie qui vient - je peux le faire 

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