dimanche 15 septembre 2013

380 - peut(-)être un journal






Mon ventre se noue au moment d'écrire ces lignes. Il semble que je ne fasse pas ce que je dois. Mais je ne sais pas ce que je dois. L'étreinte inquiète d'une obligation nébuleuse.
Merde! 
La vérité, c'est que je suis à distance de mon travail. Et dans cet écart je souffre. La culpabilité me crie dessus, elle me reproche d'encore exister quand d'autres sont morts.

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#Voyage à Mazamet.
Passage difficile. Fausse piste du 22ème texte de la série. Je suis encore tombé dans le piège d'une conclusion, d'une factice guérison. Non. Le narrateur reste dans l'inachevé, sur le chemin. Ce qu'il découvre, ou redécouvre, ou ressent en vérité - je ne sais pas comment dire - c'est qu'il est simplement, formidablement, amoureux d'une femme - en vie. Le poème porte vers l'autre, vers le partage, vers la présence... 
A ce propos, écouter Yves Bonnefoy dans l'émission "Du jour au lendemain" d'Alain Veinstein (@AVeinstein sur Twitter) sur France Culture.
Le voyage est comme une traversée, de la mère morte à une femme en vie. La blessure ne se referme jamais, elle est tour à tour la prison, le véhicule, le viatique et puis le visage de soi vers l'autre aimée. Et ces étapes successives se répéteront, dans un autre ordre ou simultanément dans les différentes strates de la personne. Il n'y a pas de terme à cela. Il n'y a pas de fin possible. 
Pour la mise en forme finale, il faudra enlever tout passage portant cette espérance d'une rémission, d'une conclusion ou cette aspiration à expliquer et mettre à distance le vivant en soi.

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J'ai une affinité avec ces chaises qui demeurent à côté du lit dans certaines chambres. On ne s'assoit pas dessus. On y laisse des vêtements qu'on remettra le lendemain. On y dépose une chaussette esseulée en attendant que sa semblable réapparaisse au détour d'une lessive. J'aime ces chaises qui ne servent pas à grand chose, qui traînent dans la lumière silencieuse des chambres désertées tout le long des jours laborieux.
Ces chaises de peu.
Je me sens proche d'elles, j'aime à peu servir dans la communauté humaine; dans ce retrait des chambres à coucher où l'écriture la plus ferme, la plus nécessaire, s'accouche, épuisant les hommes livrés à son ardente activité.  

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Notes prises au jardin d'enfant :

la douleur refuse le jour. elle serre les dents derrière. j'ai été vif un temps. avant que meure vie jusqu'à cette fin des jours qui ne cesse d'avoir lieu aux endroits de mon pouls. 

le séjour des morts. c'est le blafard cuisant qui tricote l'ordinaire.

arriver mort le jour du premier cri. quelque chose d'écrire. quelque chose d'écrié. c'est l'orgue silence qu'on nomme angoisse. échec. échec de toute délivrance. à terme ne fraye qu'un texte. et la vie tourne à vide entre amour et mort. un désir. vent matière des mots. seul fraye un texte. qui nous vêt. vers la rencontre et le partage et puis le froid.

devenir le son déraciné. l'espoir d'un souffle bref intense.

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J'ai des pieds de femme. Je suis à vrai dire une femme. Je suis de l'intérieur, du frémissement qui accueille. Il y a beaucoup à faire. Trop de jonchaies parsèment le rire de mon sexe inverti. 

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Notes de vacances:

premières heures des vacances. 
je me dis. prendre le temps. le goûter. le temps. le cueillir. ce silence qui coule dans mes veines. j'attrape la carafe à moitié pleine sur la table. je la vide dans l'évier. le son de l'eau me paraît plus dense qu'à l'ordinaire, plus entouré, plus séparé, plus saint. 
me fais une orangeade

chute de vent. au long des cheveux. la rivière oublie. les corps dedans

un vent s'allonge. les feuilles accueillent

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Le comité de lecture de la revue Dissonances a choisi un texte que je lui ai soumis pour le numéro 25 dont le thème est La peau
Joie. 
Joie de participer. 
Merci à Jean-Marc Flapp et ses collaborateurs. Ce numéro sera mis en image par Gisèle Bonin dont voici une photo publiée sur la page Facebook de la revue.





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Ce qui me fait peur, ce sont les organes qui bougent.
La lettre est aux mots ce que l'organe est au corps.
La lettre ni l'organe ne signifie en eux-mêmes. 
En cela, à même leur présence affleure le réel.
Lettre et organe sont quasi de l'autre côté, 
dans l'ombre où s'agitent les vraies raisons, 
labyrinthiques, 
de nos périlleuses traversées.

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L'angoisse est un costard mal-ajusté qui donne ses entrées dans quelque lieu de mémoire peu visité.

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Lecture de plus en plus systématique sur le Kindle fire, surtout les fictions de Nerval copiées/collées sous format Word et envoyées sur l'appareil via la boîte mail d'Amazon.

Je commence à utiliser la tablette pour prendre des notes dans la rue ou dans le métro. J'écris via mon mail, que je m'adresse. Le Kindle envoie le mail dès qu'il est connecté à nouveau, même plusieurs heures après. Je copie/colle ensuite sur le présent journal ou pour archive.

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Les bobos, ça s'en va toujours, me dit ma fille. 
J'ai envie de pleurer. Je lui dit oui. Je ne suis pas d'accord avec elle. Mais je lui dit oui. Bien sûr. Elle a le temps d'apprendre cela. Je sors voir si je retrouve ma peau quelque part aux alentours de mon amoureuse.

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quelques pigeons piochent à l'ombre les grains du jour. prends mon temps. avant de perdre et passer la main. mourir quoi. par terre des mégots se souviennent sans doute au moins des lèvres. j'imagine. passé ma journée à travailler sur divers projets : Voyage à Mazamet, Balise, un texte pour la revue Dissonances

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  de même les motifs inavouables joncheront
le corridor - 
    l'eau donne ses embruns
                                           qui se révèlent maternels -
sacrifice de la respiration


Anne- Marie Albiach, CELUI DES "LAMES", Eric Pesty Editeur

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les vrais hommes 
sont comme ça
ils ne sont pas des 
porcs égoïstes
que la mort délivre
ils offrent toujours le ciel
à ceux qui les aiment

Antoine Bréa, simon le mage, le grand os, collection Lgo


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On a beau être rustiques, on n'en a pas moins ses émotions.

Marc Villemain, Ils marchaient le regard fier, Les éditions du sonneur


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peut-être respirer
c'est bien
- déjà






presserait 
l'urgence de remuer
là ne fuit pas là
ne coule rien

dans la stupeur

n'avancent pas les membres
ou trop peu restent tels quels

la pensée les mots durs aussi

froids



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Quelque soit ma personne, mon personnage, mon nom, j'ai la certitude d'avoir quelque part, là-bas, à quelques pas de moi, un frère de sang noir, celui d'une encre sans visage que jamais je ne rencontrerai.

Anh Mat (@Anh_Mat), Les nuits échoués, #98


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Ne pas retoucher aux morceaux, nouer le proche au lointain, par le milieu, le fil d'acier à l'horizon, comme les hirondelles le font chaque année en suivant le tracé de l'ancien canal.

Jean Prod'hom, Les marges, Avec Thierry Metz, Et seulement du bout des doigts


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