Notes en vue d'un cri
La photo m'a vu.
Elle a scruté
vers cet instant
de ma mère
en larmes
et j'ai regardé
les yeux
de ma mère en larmes
dans l'audace
de ma peau.
La photo a dirigé son oeil
de loin
vers ma mère
en larmes
sur un brancard
et j'ai fait le point
sur sa peau
chimiothérapisée
jusqu'au bout
de mes ongles.
Elle a montré
cet instant
de ma mère
pour la dernière fois
de ma vie
sur un brancard
dans les veines
de mon corps.
La photo a exposé le départ
de ma mère en larmes
sur un brancard
pour la dernière fois de
ma vie et j'ai vu
pas un regard
pour moi
tant ses larmes l'occupaient
jusqu'au fond
de mes viscères.
La photo a révélé
cet instant de ma mère
pour la dernière fois de ma vie
sans que je lui dise au-revoir
à jamais
pour toujours
dans les nerfs
de ma bouche.
La photo a résonné
des cris de ma mère et
de ses sanglots et puis
du son de l'ambulance
dans le silence
de cet après-midi
dans une petite ville
du sud de la France
à même la membrane
de mes tympans.
La photo a montré
ma solitude incroyable
dans le hall de la maison
devant
ce bouquet de fleurs
posé sur une
console.
La photo a dit
le viol de ma voix
dans les larmes
de ma mère.
*
J'ai marché lavé de tout.
Rien ne s'était passé.
Rien n'avait eu lieu que le monde
à l'ordinaire.
J'ai été un homme encore une fois
dans l'air flagrant
de la montagne Noire.
Et ma douleur a été douce oui
je l'ai cueillie dans l'herbe et puis
je n'en ai rien fait.
J'ai marché seulement
vers l'or mat et sans apprêt
d'une vie humaine.
Et si ma mère était
lamentable c'était
à la manière d'une chute.
Et si ma mère ne disait
jamais rien c'était
à la manière d'un incendie.
Et si ma mère n'était
pas une mère c'était
pour que mes vacances soient
plus longues.
J'ai marché dans la châtaigneraie.
Je n'ai rien fait de ma douleur.
Ma voix m'a enfanté
dans le silence de son retrait.
Je ne me suis pas retourné.
J'ai laissé-là
le nouveau-né
hurler
dans les langes
des feuilles mortes.
Elle a scruté
vers cet instant
de ma mère
en larmes
et j'ai regardé
les yeux
de ma mère en larmes
dans l'audace
de ma peau.
La photo a dirigé son oeil
de loin
vers ma mère
en larmes
sur un brancard
et j'ai fait le point
sur sa peau
chimiothérapisée
jusqu'au bout
de mes ongles.
Elle a montré
cet instant
de ma mère
pour la dernière fois
de ma vie
sur un brancard
dans les veines
de mon corps.
La photo a exposé le départ
de ma mère en larmes
sur un brancard
pour la dernière fois de
ma vie et j'ai vu
pas un regard
pour moi
tant ses larmes l'occupaient
jusqu'au fond
de mes viscères.
La photo a révélé
cet instant de ma mère
pour la dernière fois de ma vie
sans que je lui dise au-revoir
à jamais
pour toujours
dans les nerfs
de ma bouche.
La photo a résonné
des cris de ma mère et
de ses sanglots et puis
du son de l'ambulance
dans le silence
de cet après-midi
dans une petite ville
du sud de la France
à même la membrane
de mes tympans.
La photo a montré
ma solitude incroyable
dans le hall de la maison
devant
ce bouquet de fleurs
posé sur une
console.
La photo a dit
le viol de ma voix
dans les larmes
de ma mère.
*
J'ai marché lavé de tout.
Rien ne s'était passé.
Rien n'avait eu lieu que le monde
à l'ordinaire.
J'ai été un homme encore une fois
dans l'air flagrant
de la montagne Noire.
Et ma douleur a été douce oui
je l'ai cueillie dans l'herbe et puis
je n'en ai rien fait.
J'ai marché seulement
vers l'or mat et sans apprêt
d'une vie humaine.
Et si ma mère était
lamentable c'était
à la manière d'une chute.
Et si ma mère ne disait
jamais rien c'était
à la manière d'un incendie.
Et si ma mère n'était
pas une mère c'était
pour que mes vacances soient
plus longues.
J'ai marché dans la châtaigneraie.
Je n'ai rien fait de ma douleur.
Ma voix m'a enfanté
dans le silence de son retrait.
Je ne me suis pas retourné.
J'ai laissé-là
le nouveau-né
hurler
dans les langes
des feuilles mortes.
Voyage à Mazamet , notes en vue d'un cri - 22, mardi 27 août 2013
1 commentaire:
Bonjour Julien,
Un grand bravo pour ton texte.
Amicalement
Marcel
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