#MMERE
Il faudrait relier les balises entre elles par les lettres qui ponctuent les textes. Chaque lettre serait un lien, une porte vers une autre balise, de sorte qu'on pourrait décrocher à plusieurs endroits de chaque balise pour aller vers une autre. Ainsi, on pourrait vraiment se promener (si je puis dire) sur le territoire du vide. Peut-être pourrais-je créer un petit blog juste pour cet usage de la lecture des balises?
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#MMERE
De plus, sans que je parvienne à me l'expliquer, je ressens la nécessité de lier les "non" qui ponctuent les balises aux nombreuses vierges à l'enfant qu'a peint Bellini. Il a mis dans ces travaux toute la douleur de sa propre relation à sa mère qui, semble-t-il, ne l'aimait pas. Mais cela, je ne le ferais pas. Trop trop... En revanche, peut-être, un jour, écrirais-je quelque chose sur ces peintures qui mettent en scène l'impossible relation d'un enfant à sa mère. Les regards ne se croisent jamais. La mère est ailleurs, agacée, froide, comme embarrassée par cet enfant dans ses bras...
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Je me rends compte parfois que partager sa vie consiste toujours à dire les paroles du risque. Et que ces paroles-là déchirent le coeur.
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Aujourd'hui, j'ai réalisé un peu plus qu'avoir une demande (on pourrait dire: éprouver une demande) serait la condition nécessaire de l'humanité de l'homme.
La demande impliquerait l'autre et tout ce qui s'en suit.
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Passé la journée à marcher sur la lame d'un rasoir. Ce soir je suis débité en fines tranches de moi-même. J'arrive à la maison que la fin des coupes part à peine du boulot. Il y a dans la ville des bouts du type qui errent, hagards, au vent, c'est ridicule. Je me rassemble dans ces mots. J'éprouve l'étrange sentiment d'accéder à la paix intérieure. Toute cette lumière qui me révèle mille fois translucide. C'est beau comme un aquarium dans le soleil d'hiver.
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Il est heureux que le Préfet Poubelle et Sir John Montagu, quatrième comte de Sandwich n'aient pas eu le même nom.
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"lyrisme et assassinat textuel sont les deux expressions d'un même désir: celui de supprimer la scission." Maria Négroni citée par J. Ancet dans son blog lumière des jours, à propos de A. Pizarnik, l'enfer musical, qu'il a traduit. Je découvre Pizarnik dans l'anthologie permanente chez Poezibao. Quelle beauté effarante:
La lumière du langage me couvre comme une musique, image mordue par les chiens de la peine, et l'hiver grimpe sur moi l'amoureuse plante du mur.
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Je prends très au sérieux cette sorte de découverte: l'écriture au dépourvu. Il s'agit de prendre l'inspiration en embuscade dans les interstices de ma journée. Dés que je suis seul, et que je sais que cela ne va pas durer plus de quelques minutes, je sors mon cahier et j'écris ce qui vient. C'est une sorte de plongée dans la poésie, un exercice de brève apnée. L'avantage, c'est qu'ainsi je mets de côté la réflexion, le cérébral, qui chez moi sont beaucoup trop présents et gênent le travail de la main. Au dépourvu, je me présente nu devant les mots,et c'est la main qui bosse. Je glane de la sorte une matière première qui pourra sûrement faire un peu l'affaire pour un poème. En voici quelques grammes:
Les autres ont vu le paysage dans mon corps océan. Je me suis retourné vers la lune. On a regardé. L'hiver a usé la jonchée de l'automne puis une lame a gémi entre l'écorce et l'horizon. Nos mains éboulées ont roulé dans l'herbe mémorieuse, nos os rangés deux par deux ont chanté dans le printemps doux.
Le chemin dissolu vers l'eau triste. J'ai pris quelques figues. L'oiseau a battu en brèche l'air offert à la pluie. J'ai marché dans l'averse. Le paysage a toussé dans ma foulée. Des ossements se sont pressés sous le porche. Nous avons partagé les fruits, et puis nous avons raconté des histoires amarantes.
La rosée en sang dans l'assaut du jour sur les trèfles hurlant. J'ai bu. C'était il y a longtemps. La guêpe du soir lourde d'or et d'encre ne m'avait pas encore. Et j'ai posé mes yeux plus d'une fois vers les lucioles, quand les étoiles vont et viennent dans la vacuité de ma langue.
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Je fais une pause du lirécrire durant une semaine.
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