lundi 8 octobre 2012

232 - Les indécidables - 4

il y a des jours, il y a des jours
il y a des jours, encore, encore
il y en a de rugueux, de doux, de beaux
il y en a qui font mal on ne sait pas pourquoi
il y en a on ne veut pas savoir
il y en a la douleur est là
autant que le reste
et pourtant le reste n'existe plus
il y en a la douleur est là
on en reste là
il y en a on en reste
après l'attente l'espoir après le moindre le plus le rien
il y en a on en reste
après la fin du monde
dans la traîne fade des miettes souvenances traces et tout
qui s'efface et tout
qui remue le corps les organes membres yeux lèvres langue et tout
qui frétille dans ce haut-le-coeur
qui s'efface dans la traîne après




Rosemarie Trockel, le petit roi




Le personnage est représenté en buste, de face, torse nu, sur un fond bleu nuit qu'éclaircissent des aplats indigos. Les orifices des yeux, des narines et de la bouche sont vides si bien qu'on voit ce fond à travers. La peau semble éclairée par une lune qui se trouverait en haut à gauche, hors cadre ; elle possède de l’astre la lumière spectrale et les ombres pâles ; aucun poil, ni au menton ni au torse, n’en parsème l’épiderme ; nul sourcil, nulle chevelure n’en ombre la luisance nocturne. Les oreilles décollées font deux larges hémisphères de part et d’autre de la figure enfantine. Le cou et les épaules paraissent sans muscle ni ossature, d’une consistance uniforme.
Une épaisse et schématique couronne d’un gris beige foncé couvre le crâne chauve ; elle est posée un peu en biais, comme négligemment, tombant sur l’oreille gauche, laissant le front dégagé. Sept grandes dents pointues dardent sur son pourtour. Deux yeux ovales sans cils ni sourcils sont situés à mi distance entre la base de la couronne et celle des triangles de la dentelure. L’espace qui les sépare est sensiblement le même que celui des orbites vides du visage. Leurs prunelles sont noires. Ces yeux de la couronne regardent sans regarder – ils se laissent voir peut-être. 




Canal du midi, Toulouse


le petit roi 
dans la lumière de reste
cherche encore sa consistance
là où seule résonne
la plainte inouïe d'un jour
en Europe encore
massacres frais
pas même 80 ans qu'on fabriquait des cadavres à la chaîne

les reflets se souviennent de tout 
pour qui cherchent sa consistance perdue 
dans les générations perdues









La lunette d'approche





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