mercredi 4 juillet 2012

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Clarisse s'est assise sur une marche au bord de la Garonne. L'eau s'amuse dans ses remous avec les reflets du jour. D'énormes nuages s'élèvent en colonnes parmi le bleu du dais éthéré. Et sur ses cils un petit vent joue de la harpe. Ses pensées vont vers Sarah. Vers son rire si limpide qu'à travers parfois sa mère croit voir le fond de la vie. Son coeur se serre. Un effroi. Une panique. Comment pourrait-elle survivre si jamais il arrivait malheur à Sarah? L'immensité de sa dépendance, cette folie de mère. Un sourire déchiré ouvre sa belle bouche sage, une lumière passe par la blessure, son visage irradie comme une nuit retournée. Un vieux maghrébin à la courte barbe blanche, assis quelques mètres plus loin sur le quai, se tourne vers elle, il lui sourit, lève sa canne : - C'est un temps pour les coccinelles, qu'elles s'envolent! Il rit doucement. Clarisse acquiesce d'un signe de tête, pince ses lèvres quand les larmes lucides s'enroulent au coin de ses yeux, larmes charriant ces ténèbres données en partage aux hommes pour qu'ils en comprennent quelque chose, de leur désir d'infini.

Julien Boutonnier 

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