lundi 26 mars 2012

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Les yeux (1)

Noisettes, bordés d'un liseré mauve, les yeux de Joseph sont très mobiles et pourtant toujours voilés d'une pesante tristesse. Ainsi, ils donnent à celui qui les regarde une impression paradoxale où se mêlent, sans se fondre, spleen et vivacité. Quand Joseph s'absente de lui-même et abandonne son corps, quand il s'implique de toutes ses forces dans cette rêverie sans objet dont il est coutumier, il y a dans ses prunelles désertées plus qu'un antagonisme, il y a une guerre sans hommes, un déchirement anonyme, primordial, où s'opposent et s'engendrent le feu et la nuit.

Julien Boutonnier 

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