mardi 28 janvier 2020

79 a M - journal / notes / citation / image / chrono






mardi 28 janvier 2020
Aujourd'hui fut le jour d'un jour. Gardé ma fille patraque. Vu la fin des Gardiens de la galaxie 2. Pleuré au sacrifice de Yondu. Il y a quelque chose de rare dans ce film ultra formaté: les héros ont peur de se séparer, ils ont peur d'être aimés parce qu'ils ne s'aiment pas eux-mêmes : ils sont carencés et tentent de s'assumer comme tels, ensemble, en formant un groupe de bras cassés, d'esprits brisés. Peut-être peut-on voir là quelque chose de la filiation Trauma du réalisateur James Gunn? Jolie parodie badass de La mort aux trousses aussi (avec une référence subtile à la déjà parodie de cette scène dans le film de Kusturica Arizona dream, jouée par Vincent Gallo, à travers le paysage soudain très désertique et rose) ; faut pas nier cependant : c'est débile - mais jamais la débilité d'un film ne m'a empêché d'y trouver de quoi causer ma sympathie. Ce film est très sympathique. Et d'ailleurs je ne fais pas de différence réelle entre les arts élitistes et les arts populaires. 

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Lecture de Clément Rosset, logique du pire.
Chapitre TRAGIQUE et HASARD
Troisième partie du chapitre.
Hasard, principe de fête: l'état d'exception.

Théorie de l'occasion: tout ce qui arrive est une fête en miniature. (Relier cela avec l'acte créateur: se saisir d'une occasion au moment opportun). Les sophistes: révéler l'enchantement de la succession des exceptions. Fête, féérie. Ce qui existe est une suite d'occasions uniques. 
Deux indifférences liées à l'état de mort (rien qui existe en soi, rien qui soit foncièrement différent d'autre chose: tout est issu du hasard constituant; pas de nature, pas d'êtres). La première indifférence: attendre le hasard à coup sûr puisque tout est hasard: indifférence de la fête. La deuxième indifférence: ne rien attendre, si tout est hasard: indifférence de l'ennui. 
La monotonie est engendrée non par une vision du monde mais par une inversion de l'attente indifférenciée. Là où le tragique reçoit le réel comme succession de nouveautés sans règles (et cette absence de règles fait l'exception de toutes les régions de ce qui existe), motif de jubilation, le non tragique voit l'absence de règles dans la succession de ce qui arrive, règles qu'il attend pour que le monde corresponde aux idées d'ordre et de finalité qui lui semblent nécessaires. Partout le non tragique ne voit que l'absence de ce qu'il pense être vrai et justifié, d'où l'ennui, la monotonie, le chagrin. 

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Midi 
Nu sur le drap
Avec mon visage las, mes mains
Ma poitrine revêche
Sur un drap blanc à midi
Qui transperce les cloisons de béton
Et se répand sur mes chaises, mes chaussures vides
Surpris par une soudaine
Apparition hors d'haleine
Surgie des ans et des secondes d'effroi, je suis nu
Et submergé, un vieil homme
De souvenirs et de formulaires
Et ne connais ni homme ni bête
Dans leur stricte distinction
Ni les bureaux ni les censures
De la raison supérieure
Je déraisonne? Ou au contraire
Est-ce que je me sens vivre
Très loin des réunions préprogrammées
Et des rapports synchronisés
Là, je suis mort, voilà la vérité
Comme vous l'êtes à mes yeux
En ces danses serviles
Qui glacent la chair
Mais je me sens vivre, si loin de tout cela!
C'est la vérité, ô mes congénères
En ce midi soudain
Qui me traverse
Et me vide, en mon absence
Sur un drap blanc
Et me comble de sa lumineuse
Clarté. 
Volker Braun, Poèmes choisis, nrf Poésie/Gallimard
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Chrono: encore oublié de l'arrêter à temps.

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